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La honte du jeu de rôle
Par Gary Pellino
Où l’auteur porte un regard cinglant sur les
préjugés de ceux à l’extérieur de notre loisir et ceux à l’intérieur.
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Parfois, j’ai honte d’être un joueur de jeu de
rôle.
Récemment, je me suis trouvé en relation avec
un groupe d’inconnus, et nous faisions un tour de table pour nous
présenter – nom, travail, loisirs etc. A mon tour, je suis resté sans
voix quand on en est arrivé à mes loisirs, pour finalement marmonner
quelque chose à propos d’ordinateurs après une pause gênante. Bien
que, au début je me sois persuadé que c’était simplement parce que j’étais
réticent à affronter les difficultés d’expliquer ce loisir à des
non-initiés, je fus bientôt forcé d’admettre que ce n’était pas le
cas. Je n’ai pas dit que j'étais un joueur de jeu de rôle parce que j’avais
peur de la dérision; honteux de mon loisir et d’y participer.
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Gary se réfère à cet
article.
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Je suis sûr que nombre d’entre vous ont eu des
expériences similaires de gêne envers notre loisir. Il est vrai que la
difficulté d’expliquer le jeu est plutôt une barrière (comme je l’ai
expliqué dans le numéro 2), mais il existe beaucoup d’autres loisirs
tout aussi mystérieux qui ne souffrent pas de cette sorte de mauvaise
image de soi. Pourquoi les gens préféreraient-ils presque reconnaître
qu’ils matraquent des bébés phoques pendant leur temps libre plutôt
que de confesser qu’ils sont des rôlistes ? D’où vient cette
autocensure ?
Une raison simple est que le jeu de rôle est intrinsèquement quelque
chose d’un peu embarrassant. A mon avis (une fois de plus, voir mon
article dans le numéro 2) le jeu de rôle est intrinsèquement
enfantin : ce que nous faisons est en
réalité identique à jouer à des " jeux d'imaginaires ",
des versions adultes des " cow-boys et des
indiens ". Et dans une société qui tend à voir l’infantilité
comme inconvenante, si ce n’est malsaine, il n’est pas étonnant qu’il
soit difficile d’admettre ce que vous aimez faire de votre vie. Je pense
que des problèmes semblables sont également rencontrés dans d’autres
loisirs qui semblent démentiels ou stupides à des non-initiés ;
les sports extrêmes comme le saut à l’élastique ou le saut en
parachute seraient de bons exemples. Mais si c’était la seule
barrière, alors, comme les sauteurs à l’élastique, nous serions
excessivement fiers de notre loisir, toujours prêts à expliquer
exactement pourquoi ce que nous faisons est si incroyablement enrichissant
spirituellement parlant. Il y a d’autres raisons derrière notre
réticence.
Une cause majeure vient de nos années scolaires. Depuis la nuit des
temps, la cour d’école est une arène où les forts règnent sur les
faibles, où les " sportifs " primitifs briment les
" binoclards " plus passifs. Et ne nous voilons pas la
face, le jeu de rôle est avant tout un loisir de nerds [1]. A l’adolescence,
dans la même catégorie que les pièces cousues et les anoraks, le jdr
est la preuve manifeste du statut de nerd. Et comme être un nerd peut -
et généralement le fait- , amener des agressions physiques et mentales,
ce n’est pas quelque chose qu’on veuille afficher. En fait, sortir un
manuel de D&D à l’école peut être l’équivalent d’agiter un
drapeau rouge devant un taureau. Alors il devient nécessaire de minimiser
les indices : ôter les livres de la vue des autres, jouer uniquement
dans la bibliothèque après l’école et, le plus important de tout, ne
jamais dire à quiconque ce que vous faites, sous peine de mort.
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Si vous aussi avez eu des mauvais moments en
tant que jeune joueur, pourquoi ne pas écrire à ce sujet (en anglais)
dans notre rubrique Il était une fois ? |
Pour les gens malchanceux qui ont vécu une adolescence
particulièrement difficile, comme moi, il peut être dur de se
débarrasser de cette attitude après la scolarité. Après cinq ou six
ans de ce type d’intolérance, il est facile d’être conditionné, de
croire qu’être un rôliste va vous marquer définitivement comme cible
de sévices ou d’ostracisme. Cela prend du
temps pour désapprendre les tactiques de survie du passé et réaliser
que le monde réel ne fonctionne pas comme la cour d’école, que vous
pouvez maintenant apprécier le loisir de votre choix sans peur d’être
jugé – enfin, presque.
Malheureusement, le conditionnement du passé n’est pas la seule raison
qui fait que les rôlistes se sentent souvent embarrassés par leur
loisir. Comme tout le monde peut vous le dire, les préjugés sur le jeu
de rôle existent toujours dans la société. Vraiment ?
En dehors de l’adolescence, je n’ai jamais rencontré quoi que ce soit
qui ressemble à un préjugé contre mon choix de loisir. Quelquefois c’est
passé près : il y a deux ans, le directeur d’une école locale a
interdit le JdR pendant une brève période et j’ai dû une fois
répondre aux questions brûlantes d’un paroissien inquiet. Et
quelquefois, des amis m’ont posé des questions sur la réalité des
histoires de suicide, mais c’est tout ce dont je peux me rappeler.
Ce qui est intéressant c’est que chaque fois que j’ai rencontré une
situation où des personnes extérieures mettaient en cause le loisir, la
source du problème était le manque de connaissance de ce jeu. Quand la
nature du jeu fut expliquée au paroissien et au directeur susmentionnés,
ils sont revenus sur leur position. Leur attitude dubitative n’était
pas basée sur un programme politique quelconque, ou un dogme religieux ou
même une paranoïa induite par les médias – plutôt par une
inquiétude naturelle pour quelque chose qu’ils ne comprenaient pas. En
fait, personne n’a jamais exprimé devant moi une quelconque
désapprobation, seulement incompréhension et perplexité. La même chose
est vraie pour tous les joueurs que je connais.
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Si vous avez été la victime de ce genre de préjudice, ne faites pas
comme si de rien n’était. Contactez quelqu’un comme la FFJDR
ou CAR-PGA
et ils seront capables de défendre vos droits. |
On ne m’a jamais demandé de quitter un restaurant ou un magasin
parce que je lisais un livre de JdR. On ne m’a jamais refusé un emploi,
jamais insulté dans la rue, et depuis le lycée jamais frappé pour le
genre de jeu auquel je joue. Plus important : personne n’a jamais
douté de mes convictions religieuses ou ne m’a accusé de pratiquer le
satanisme. Personne n’a jamais manifesté devant l’entrée de mon
magasin de jeu ou brûlé mon matériel. Alors comment pouvons nous oser
nous déclarer victimes des préjugés ?
Bien sûr, quelquefois lorsque j’ai mentionné que j’étais rôliste,
les gens m’ont lancé le même regard que si j’avais commencé à
expliquer que la téléportation est réalisable. Mais je suis un grand
garçon maintenant, et je crois que je peux survivre au fait que quelques
ignorants ne puissent voir au-delà de leurs classifications établies au
temps du lycée. Bien sûr, cela peut causer un certain inconfort social,
spécialement pour ceux d’entre nous qui croient encore que le monde
réel fonctionne comme l’école. Mais pour la majorité d’entre nous,
c’est simplement un effet résiduel agaçant ; cela n’implique
pas l’existence d’un réel préjugé qui serait né indépendamment de
nos années d’école.
Ainsi, il semble que l’idée d’une société avec des préjugés
contre les JdR soit une sorte de mythe. Lorsque vous examinez vraiment
tout cela d’un œil critique, vous vous apercevez que personne ne se
soucie vraiment ou ne connaît suffisamment de choses sur les jeux de
rôles pour opprimer le joueur moyen. Mais si c’est un mythe, d’où
vient ce courant anti-jeux ? Qu’est ce qui nous pousse à agir tous
comme des victimes d’une chasse aux sorcières mondiale ?
En ce moment, la plupart d’entre nous commencent à hurler quelque chose
sur les méchants de l’extrème-droite religieuse.. Et il y a quinze
ans, nous aurions pu avoir raison. C’était dur à l’époque, surtout
aux USA. Mais c’était avant, et maintenant les choses ont changé. Pat
Pulling est morte, BADD a été discréditée et dissoute il y a presque
dix ans, et presque tout le mouvement anti-jeux a disparu avec elle. Bien
sûr, il y a et il y aura toujours quelque télévangéliste du
Middle-West qui montera sur ses grands chevaux à propos de Vampire :
La mascarade pendant quelques temps, et cela pourra même de nos jours
pousser un parent paniqué un peu bizarre à arracher un livre de JdR des
mains innocentes de son enfant. Et bien que ce ne soit pas
particulièrement constructif pour le loisir, ça n’est pas très
dommageable non plus.
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Pour en savoir plus sur BADD, lisez la 4ème
partie de l'histoire des JdR |
Il y aura toujours des gens ignorants pour lever une objection morale
contre les JdR, mais il y a maintenant moins de gens pour les écouter.
Doucement, le jeu de rôles est absorbé par la culture traditionnelle.
Les gens commencent à oublier le battage médiatique et ne se soucient
pas de comment de parfaits inconnus passent leur vendredi soir. Il est bon
de se souvenir que de nombreuses choses que nous considérons comme
normales – comme les bandes dessinées, la télévision, la musique
rock, les films et même la danse – ont affronté le même type d’objections
morales que le jeu de rôles quand elles sont nées.
Cette bataille, semble gagnée. Alors pourquoi tant d’entre nous n’ont-ils
pas baissé les armes ? Pour une raison quelconque, à chaque fois
que les gens mentionnent BADD, Pulling, ou les fondamentalistes, les
rôlistes jaillissent soudain de leurs sièges, trébuchant les uns sur
les autres, pour rouspéter sans fin et en rabâchant sur la propagande et
la désinformation dont est coupable le mouvement cité. Y a t-il vraiment
une personne ici qui ne sache toujours pas que BADD a falsifié les
statistiques, trafiqué les faits et manipulé les gens à son
avantage ? Plus important, y a t-il toujours quelqu’un qui s’en
préoccupe ? Quel est le but de ces attaques constantes envers une
idéologie qui est en faite morte ?
Le but, malheureusement, est que cela fait du bien. La haine aveugle –
ou préjugé- est une doctrine incroyablement facile et agréable à
suivre, faisant appel à vos désirs les plus égoïstes et vous
débarrassant du fardeau d’avoir à réfléchir. Cela donne à vos
croyances l’aspect de la certitude la plus inébranlable, et ainsi
toutes vos actions basées sur ces croyances sont défendables. Et cela
peut être assez enivrant. Mieux, cela vous change en héros. Si l’ennemi
est le mal, alors votre résistance envers lui fait de vous un guerrier de
la vraie voie.
En tant qu’amoureux de la fantasy (comme la plupart des rôlistes) cette
image est particulièrement attirante. Si le mouvement anti-jeux est l’empire
du mal, alors nous sommes les rebelles, combattant vaillamment pour
secouer le joug de oppression. Et peut-être sommes-nous aussi beaux que
Han Solo. Alors, ceci est la raison qui pousse les joueurs à continuer le
combat même si la bataille est terminée – nous jouons, peut-être
inconsciemment, à nos propres jeux fantastiques dans la vie réelle.
Ainsi la source du mythe du préjugé contre le jeu est au bout du compte,
nous-mêmes : nous nous disons opprimés, parce que nous aimons ce
sentiment de haine envers l’oppresseur.
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Gary encourage le lecteurs a débattre avec lui à propos des points
soulevés dans cet article ; envoyez simplement vos opinions sur le Forum. |
Néanmoins, le monde réel ne marche pas comme la fantasy. Et
ironiquement, cette attitude est une plus grande menace envers le JdR que
BADD ne le fut jamais. Jouer à la victime donne seulement plus de
crédibilité à l’autre côté; plus nous crions à propos des torts de
nos opposants, plus il semble qu'ils ont soulevé un lièvre ?. Plus
nous propageons ce mythe du préjugé contre le jdr, plus les gens croient
qu’il y a une raison à ce préjugé. Pire que tout, en nous permettant
d’avoir des préjugés, nous finissons par agir de façon aussi bigote
et oppressante que notre opposition.
Comme je l’ai dit plus haut, même les rôlistes les plus réfléchis
peuvent, à la simple mention d’un sentiment anti-jeu bondir et pousser
des cries d’orfraies sur les mauvaises actions de Pulling, BADD et tous
les fondamentalistes [religieux]. Et ce, quelle que soit la personne qui
ait soulevé le commentaire – j’ai même vu des joueurs attaquer de
cette façon leurs compagnons de table, simplement parce qu’il leur
était arrivé d’émettre des commentaires pas totalement anti–BADD. J’ai
entendu BADD et Pulling qualifiés de termes généralement employés pour
Hitler et les nazis – sectaires, hallucinés, oppressifs, déments et
même maléfiques (le mot favori des fondamentalistes). Pire, j’ai vu
appliquer ces qualificatifs à quiconque ressemble même de loin à
BADD, ainsi tous les fondamentalistes ou même tous les chrétiens, font
partie du méchant mouvement anti-jdr.
Il semble quelquefois que nous trouvions plus intéressant de prouver que
les jdrs sont inoffensifs – ou plus important, que ses détracteurs ont
tort – que d’y jouer vraiment. Non seulement ça n’arrange pas le
problème, mais cela se reflète énormément sur l’ensemble du loisir,
nous faisant ressembler à des militants extrémistes.
Il est temps de baisser les armes. La haine aveugle et le ridicule
involontaire ne font de bien à personne et peuvent même mener à une
répétition du problème. Si nous essayons plutôt de comprendre notre
ennemi, nous pouvons examiner la cause du problème et espérer le
corriger. Il est temps d’arrêter de se moquer, de dénigrer et de
dévaluer leurs opinions, et de commencer à essayer d’écouter et de
comprendre. Et peut-être même de communiquer.
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[2] NDT : son fils Irving se tua avec le pistolet de sa
mère.
Si vous pensez toujours que le mouvement anti-jeu mérite qu’on se
foute de sa gueule, vous apprécierez ce site [NdT :
il est bien entendu parodique – son auteur
a d’ailleurs des aides de jeu un peu plus loin.]
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Pat Pulling, et nombre de ses associés furent victimes d’un terrible
traumatisme émotionnel – le suicide d’un proche [2]. Comme mécanisme
de défense contre leur chagrin et leur culpabilité, ils s’en sont pris
à un jeu de rôles relativement innocent. Je n’adore pas ce qu’on
fait Pulling et son mouvement, je pense simplement qu'avoir un peu de
compassion et quelque compréhension pour les causes du problème est plus
constructif sur le long terme. Nous ne devrions jamais oublier que ce
diable d’opérette que nous aimions huer et siffler était en fait un
être humain réel, et ainsi ne peut pas être juste étiqueté
"maléfique " ou "dément ". C’est aussi
vrai pour tous ceux qui l’ont suivie.
BADD a disparu depuis, et il est temps d’arrêter de poignarder ce
cadavre, et de reprendre le cours de nos vies. Il est aussi temps de
réaliser que quiconque soulève des critiques sur le JdR n’est une
copie carbone de Pat Pulling, ni ne plaide nécessairement la destruction
de ce loisir. Ils font généralement plutôt des remarques à propos du
loisir qui, il est temps que nous le réalisions, sont à la fois valables
et raisonnables.
Prenons le cas de la violence. Maintenant j’ai vu des choses dans des
jeux comme Quake que je trouve incroyablement violentes, au point de me
rendre physiquement malade. J’ai aussi pris part à des parties de JdR
dans lesquelles les joueurs ont décrit et roleplayé des actes de
barbarie et de sadisme tout aussi écœurants. Quelques-uns uns pourraient
argumenter que l’idée de fantasmer cette sorte d’agissements est bien
pire que de les voir étalés en rendu haute définition sur votre
moniteur. N’étant pas un psychologue, il m’est impossible de réfuter
de tels arguments.
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Le jdr, étant un loisir majoritairement masculin, peut aussi
encourager un environnement de type " vestiaire des
hommes" et ainsi promouvoir des attitudes sexistes.
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Avez-vous déjà joué une partie dans laquelle le monde réel est
encore fort présent, et dans laquelle les sentiments et vos actions et
celles de votre personnage se confondent ? Si ça vous est arrivé,
vous l’avez sûrement ressentie comme une des meilleures parties que
vous ayez jamais faites, que le jeu de rôles est à son apogée quand la
frontière entre la réalité et l’imaginaire s’est estompée. Alors
cela donne un sens au fait que le Jdr puisse nourrir les délires de ceux
dont l’emprise sur la réalité est déjà fissurée, et puisse ainsi
être dangereux. Est-il vraiment étonnant que des gens pensent que l’énergie
et le temps que certaines personnes vouent au JdR démontre une obsession
pas tout à fait saine?
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[3] NdT : Greg Stafford, également auteur
de Runequest /
Herowars, jeux riches en oppositions de dogmes
religieux.
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Ensuite, il y a le problème religieux. Le plus
grand mythe de tous dans le milieu du JdR est celui que les JdR ne
contiennent rien qui puisse offenser les groupes religieux. La plupart des
jeux de rôles n’ont pas seulement des règles pour la magie, mais aussi
pour le mysticisme. Certains préconisent l’utilisation par le
personnage du symbolisme et des rituels, et beaucoup de ces accessoires
sont empruntés à des vraies religions et des cultes réels, et en
général, ils n’en font pas beaucoup pour dissimuler ces origines. L’auteur
de Pendragon est un chaman [3], un magicien a été consulté pour
la conception du système de magie de Shadowrun, et les sourcebooks
pour Mage : l’ascension de White Wolf représentent presque
une visite guidée des milieux occultistes mondiaux.
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[4] NdT :
In Nomine est l’adaptation américaine du JdR de Croc
In Nomine Satanis /
Magna Veritas. Il est bien plus sérieux et
mystique que son homologue français. Toujours dans l’esprit de l’article,
remarquez la disparition d’un des termes du titre original.
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Et quand ils n’injectent pas des idées
occultes dans les jeux, les créateurs font une intrusion dans le
christianisme. Le jeu récent de Steve Jackson, In Nomine
[4]détaille une guerre entre démons et anges et l’intervention du
Saint-Esprit est représentée par un jet de dés. Nephilim appelle
Jésus un " Nephilim Arcanum zéro ", tandis que des
jeux comme The Rapture, The End et Armageddon , le
dernier jeu de JC Carella, jouent avec l’idée du second avènement. Il
est un peu difficile de prétendre affronter les accusations de contenu
anti-chrétien avec ce qui se trouve sur les rayonnages.
Bien sûr, nous pouvons toujours nous cacher derrière le vieux dicton
" mais ce n’est qu’un jeu ". Mais réfléchissez
à ce qui arriverait si l’univers d’un des jeux cités ci-dessus
était utilisé pour un film. Il y aurait un vacarme, disons, de
proportions bibliques,. Et certaines personnes pourront répondre aux
offensés avec l’argument " ce n’est qu’un
film ". Toutefois, ca n’est pas la question. La question est
de savoir si dans un film – ou n’importe quelle autre forme d’art
–la déformation, la falsification ou même la diffamation des croyances
religieuses de quelqu’un d’autre peut être justifiée, au nom de l’art
ou même de l’amusement. Et c’est une question à laquelle il est
très difficile de répondre.
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Le jeu WitchCraft [Sorcellerie 7ème
Cercle ed.] consacre deux pages à expliquer qu’ils ne veulent offenser
personne, puis orne chaque page d’un pentacle; un parfait exemple des
pratiques autodestructrices de l’industrie |
Et je ne crois pas que les jeux de rôles
soient " juste des jeux ". Je crois qu’ils sont
quelque chose de bien plus qu’un jeu, de beaucoup plus qu’un conte,
une chance d’interagir avec un monde imaginaire. Ils représentent une
opportunité de vivre nos propres fantasmes, et en tant que tels, peuvent
être des expériences émotionnelles puissantes. Je peux donc comprendre
que des gens aient un problème avec les rôlistes interprétant des
pratiques occultes. Et quand les jeux comme Kult ou Blood encouragent
les personnages à être des tueurs sadiques et brutaux, j’ai tendance
à partager ces réserves.
Vous pourriez ne pas être d’accord avec ça et ça me va. Néanmoins,
cela ne me donne ni tort, ni ne fait de moi un " anti
jeux ". Plus important, ca ne veut pas dire que la question ne
devrait pas être posée dés le départ. Le jeu de rôles est un loisir
récent qui est toujours en train d’évoluer et de s’étendre, et nous
devrions discuter chacun de ses aspects. Mais généralement, toute
opinion qui ne soutient pas entièrement le JdR est rabaissée,
étiquetée comme extrémisme religieux ou intimidation fasciste, ôtant
ainsi tout espoir d’un examen approfondi de notre loisir.
Et bien trop souvent, on fond immédiatement sur ceux qui expriment de
telles opinions, et ils sont réduits au silence par un barrage d’accusations
portées par des joueurs militants, qui justifient leurs propres
politiques oppressives par la défense d’un loisir qui n’est en fait
pas attaqué.
Et c’est à ce moment là que j’ai le plus honte d’être un
rôliste. |
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[1] NdT : nerd est un terme intraduisible, désignant les
" nullos " (sens premier) asociaux, obsédés par leur
passion et passant des heures à en débattre dans leur jargon, de
préférence devant l’écran d’un ordinateur... En d’autres
mots : vous-même, ami lecteur. ;-)
Une définition qui en vaut une autre : un nerd se définit comme
toute personne appréciant ou participant à des activités
traditionnellement identifiées par la société comme ‘boutonneuse’
ou ‘glaireuse’. Ces activités comprennent, sans y être limitées :
la programmation informatique, les jeux vidéos, les échecs, la
collection de comics de super-héros, les jeux de rôles. |
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droits réservés.
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Traduit par Esteban. Tiré de PTGPTB n°4, avec l'aimable
autorisation de Steve Darlington. Aucune reproduction n'est permise sans l'accord de Steve
Darlington. "Places to Go, People to Be" et "PTGPTB" sont aussi sous
copyright. La version originale peut être consultée sur le site de PTGPTB.
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