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Littérature SF
A la découverte de... Orson Scott Card
Orson Scott Card fait partie des -rares- auteurs qui
excellent dans plusieurs domaines : dramaturge (auteur, il fut aussi
impresario d'une troupe de théâtre), poète, il est surtout connu, en France,
pour ses romans fantastiques et de science-fiction (SF). La variété des
thèmes abordés et des univers décris force l'admiration (du
médiéval-fantastique au space-opera !). On peut toutefois dégager un thème
commun à tous ses romans : l'épopée messianique d'un enfant surdoué ou
doté d'un pouvoir unique en son genre.
En tant qu'écrivain, Orson Scott Card se base sur la
psychologie de ses personnages et développe les relations entre les différents
protagonistes. Ce procédé aboutit à des romans d'une grande profondeur où le
lecteur partage les émotions des personnages. De plus, Orson Scott Card
construit ses récits de façon à dévoiler progressivement la réalité, en
ménageant un suspense tel que l'on ne peut que "dévorer" ses romans:
il n'y a pas de moments morts. Bref, l'oeuvre d'Orson Scott Card respire
l'intelligence à l'état pur tout en restant passionnante à lire.
Je vous propose un bref panorama de son oeuvre, en deux
parties : la première traitera des romans " simples ", alors que
la seconde abordera les grandes sagas en plusieurs volumes.
Sonate sans accompagnement Un recueil de
nouvelles marquant le début de la carrière d'Orson Scott Card dans le domaine
de la SF. Des nouvelles de qualité inégale où l'on trouve pourtant les germes
de ce qui fera le succès de l'auteur : une imagination débordante (et parfois
à contre-courant de son époque), de l'humour et parfois une grande profondeur.
A noter la nouvelle "Fin de partie " qui n'est autre que l'ébauche de
La stratégie Ender. Il est préférable de ne pas la lire Si l'on
souhaite profiter pleinement de la lecture de cet excellent roman de SF.
Une planète nommée Trahison Une "oeuvre de
jeunesse" qui tient une place à part dans sa bibliographie. Il s'agit en
effet d'un roman d'heroic-fantasy pur et dur. Le monde est original (une
planète dépourvue de fer où des clans s'affrontent pour être les premiers à
pouvoir rentrer sur leur planète d'origine) et le roman fourmille de bonnes
idées. Pour une fois, le héros n'est pas un enfant mais un jeune adulte. Seul
défaut : Si les rebondissements se succèdent à un rythme effréné, ceux-ci
sont parfois un peu trop prévisibles. A lire en premier pour les accros
d'heroic-fantasy, ou en dernier pour ceux qui pensent que toutes les histoires
de Orson Scott Card se ressemblent.
Espoir-du-Cerf Une sublime fable inspirée
des légendes anglo-saxonnes : l'histoire de la vengeance de Beauté, une
princesse violée puis dépossédée du trône. L'histoire aussi du jeune Orem,
dernier espoir des divinités afin de mettre fin à la tyrannie de Beauté sur
ses sujets et sur les dieux eux-mêmes. Du sang, de la luxure, de la magie, de
la haine, de l'amour: tous les ingrédients sont réunis pour donner un conte du
meilleur cru.
Les Maîtres Chanteurs A mon avis le meilleur
roman "simple" d'Orson Scott Card. Sur la planète Tew se trouve le
Palais du Chant, qui forme l'élite des chanteurs. De toute la galaxie, l'on se
bouscule pour obtenir un Oiseau Chanteur. Jusqu'au jour où Mikal, empereur
conquérant de la galaxie, se rend en personne au Palais du Chant pour obtenir
une telle faveur. Mais le Maître de la Haute Salle ne l'accorde qu'aux
personnes suffisamment sensibles pour apprécier les qualités d'un Oiseau
Chanteur. Or Mikal est un être impitoyable, responsable de la destruction de
mondes entiers pour faire régner sa loi. Pourtant, il semble qu'au fond de lui
demeure une part de bien. Ansset, un jeune prodige qui transcende la puissance
du Chant, sera formé pour servir Mikal. Il sera alors le centre de complots qui
détermineront l'avenir de l'Empire tout entier.
Card déploie tout son talent au service d'intrigues politiques machiavéliques.
Le récit du destin d'Ansset est tout à la fois captivant et émouvant.
Les grandes sagas.
Ender : trois volumes parus en français (La
Stratégie Ender, La Voix des Morts, Xénocide) et un volume non
encore traduit (The Mind Child et deux autres prévus). Tout commence sur
une Terre en pleine Guerre Froide et qui a plus qu'entamé sa conquête de
l'espace. Le couple Wiggin a deux enfants, deux génies. Mais Peter, l'aîné
est trop violent, trop sadique; et Valentine est trop douce, trop tendre. Alors
le gouvernement américain donne l'autorisation aux Wiggin de concevoir un
troisième enfant malgré la loi de limitation démographique qui interdit
d'avoir plus de deux enfants. En espérant que ce "troizeau" soit le
juste milieu entre ses aînés. Andrew, surnommé Ender, sera conforme aux
attentes. Mais que veut en faire le gouvernement ? Rien de moins que le futur
commandant de la flotte spatiale terrienne. Car les Doryphores, ces
extra-terrestres à la morphologie d'insectes, ont déjà voulu envahir la Terre
par deux fois. La Terre a repoussé in extremis la Deuxième Invasion. Et
la Troisième Invasion est en marche...
Ainsi commence l'épopée d'Ender, qui se poursuivra
plusieurs milliers d'années plus tard pour donner naissance à des
bouleversements qui changeront la face de l'univers.
Alvin quatre volumes tous traduits en français (Le
Septième Fils, Le prophète rouge, L'apprenti, Le compagnon),
plus deux autres à paraître (La cité de cristal et Maître Alvin).
Note de M. Faust: un 5ème tome est sorti, il s'appelle Flamme de Vie.
L'action se déroule dans une uchronie : une Terre dont l'histoire a
dérapé à partir du XVIIème siècle.
Oliver Cromwell ne meurt pas en 1658 mais beaucoup plus tard,
et maintient son Commonwealth de puritains en Angleterre et en
Nouvelle-Angleterre. Il n'y a donc pas de retour de la dynastie Stuart sur le
trône de Grande Bretagne, mais les royalistes s'établissent dans les colonies
anglaises (la Virginie, les Carolines et la Géorgie).
Les autres colonies (de New-York jusqu'au Delaware)
réussissent néanmoins à obtenir leur indépendance et à former les Etats-Unis où les Iroquois ont leur propre Etat.
Mais la plus grande différence par rapport à notre Histoire
est le fait que la magie est chose courante. Les Européens utilisent des sorts
faits de gestes, de paroles ou de glyphes alors que la magie des Indiens est
basée sur le pouvoir du Chant Vert. C'est dans ce monde original et
magnifiquement décrit par Orson Scott Card que naît Alvin, septième fils d'un
septième fils. Cette particularité marque son destin Alvin est doué du
pouvoir de Faiseur et peut ainsi maîtriser la matière. Mais le "Défaiseur"
fait tout pour détruire Alvin et commence par provoquer la mort de son frère
aîné Vigor. Tout est beau dans ce récit : l'histoire d'Alvin et de sa lutte
incessante contre le Défaiseur, les personnages - tous attachants même les
méchants - la vie au quotidien des colons qui tentent de transformer les terres
vierges américaines en un pays civilisé, le destin tragique et héroïque des
Indiens, et le grand livre de l'Histoire qui s'écrit en marge d'Alvin et
parfois croise son chemin.
Terre des Origines : la seule saga achevée, en
cinq volumes (Basilica, Le Général, L'Exode, Le Retour, Les
Terriens). Ici encore, un univers original où les ordinateurs sont monnaie
courante mais où la roue n'a pas été inventée : Basilica. Depuis que la
folie des Hommes a détruit la Terre, Sûrame - Dieu et ordinateur à la fois -
veille à ce que la paix règne sur ce monde colonisé au lendemain de la
Destruction. Mais Sûrame se fait vieux et l'Homme menace de retomber dans sa
folie guerrière. Alors Sûrame choisit le jeune Nafai et ses proches pour
accomplir son dessein: retourner à la Terre des Origines dans l'espoir d'y
trouver une solution. J'ai trouvé cette saga bien moins intéressante que les
autres. Certes, la découverte du monde de Basilica est intéressante, mais
l'intérêt s'étiole au fur et à mesure des tomes. L'action commence à
stagner de temps en temps dans Le Général et s'arrête carrément dans la
deuxième partie de L'Exode. De plus, L'Exode est une suite de querelles
familiales et sa fin est décevante (Nafai est transformé en "Super
Gros-Bill"). Les trois derniers volumes ne sont qu'un prétexte pour
que l'auteur étale ses théories sur la psychologie, la génétique et l'avenir
du genre humain (déjà entrevues dans ses précédents ouvrages). Pour
couronner le tout : une fin qui n'explique rien.
La Geste Valois (Jason Valois et Contes
du Capitole et de la Forêt des Eaux). Si vous avez déjà rêvé de
refaire le monde, Si vous aimez spéculer sur les utopies, Si vous vous
interrogez sur la nature profonde de l'être humain, alors vous adorerez la
lecture de Jason Valois. C'est l'histoire de... Jason Valois, racontée par
lui-même à un enfant (Lared), depuis son enfance de mutant télépathe
jusqu'à son arrivée dans le village de Lared au lendemain du Jour de la
Douleur. Un récit biblique où Orson Scott Card se livre à une analyse juste
et fine de la nature humaine, du bien, du mal et de la fatalité. Contes du
Capitole et de la Forêt des Eaux est un recueil de nouvelles qui précisent
les parties du récit de Jason Valois restées dans l'ombre. On y trouve
ainsi : la description de Capitole et les causes de sa décadence, l'histoire
d'Abner Doon et l'explication de ses motivations, le récit détaillé du
déchirement de la communauté de la Forêt des Eaux. Ce recueil est toutefois
assez décevant. Le style épique de Jason Valois est ici remplacé par une
écriture lourde et des récits pauvres en action. Le génie d'Orson Scott Card
marque toutefois des nouvelles comme "Spectacle-Vie".
En conclusion, voici ma sélection des meilleurs romans : Jason
Valois, la saga d'Ender et Les Maîtres Chanteurs.
Pas d’accord - par Rappar
Les histoires d’Orson Scott Card sont marquées par une
morale plutôt lourde. Car OSC est un MORMON, et chacun de ses romans tente
lourdement d’illustrer la bonté intrinsèque de l’Homme, son Repentir, sa
Rédemption possible. Ajoutez à cela une symbolique mystique pesante, et cela
en devient très peu crédible et très invraisemblable.
Espoir du cerf : malgré de belles
descriptions de ville, les héros se morfondent dans leur culpabilité…
Les maîtres chanteurs : là aussi on
croule sous les bons sentiments. Ah, l’innocence de l’enfant… ses années
difficiles dans son orphelinat, les larmes du méchant empereur de la galaxie
(qui a un coeur d'or en fait)
quand il entend chanter l'oiseau... cela dégouline de bons sentiments autant
qu'un manga pour petites filles.
La saga d’Alvin : non seulement l’uchronie
qui pourrait faire l'intérêt de ce livre passe au second plan, mais l’invraisemblance atteint des sommets.
Exemple : les indiens se laissent massacrer par les colons - " un sacrifice
nécessaire pour expier les péchés de ces derniers"… Les mains des colons
sont alors
littéralement rouges de sang et ils sont pris de remords " ah
la la qu’avons nous fait ! ?".
Du fantastique et de la magie,
mais gâchés par plus de bons sentiments que dans " la petite maison
dans la prairie", avec qui la saga partage d'ailleurs l'importance
accordée aux "valeurs familiales".
Ne ratez pas par contre la saga Ender - pluie de bons
sentiments, mais qui prennent place dans une vrai intrigue et un cadre politique
SF intéressant.
J’ai aimé aussi Une planète nommée trahison.
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