Le massacre
(c) Jérôme Deramaix http://www.chez.com/ezellar/
Je me lance en premier car j'en ai envie
:-0
C'était lors d'une partie de Warhammer, la Campagne
Impériale pour être précis.
Au tout début de l'aventure, les PJ trouvent sur leur chemin
une bande d'hommes-bêtes qui ont attaqué un carrosse. Le livre restait assez
vague sur la scène même s'il y avait quelques détails sordides. Je me suis
alors mis à décrire la scène par le détail à mes joueurs en partant du
général et en allant au particulier.
Décrivant tout d'abord le cadre avec le carrosse renversé,
le premier corps visible qui semblait avoir été dévore par une bête sauvage
puis, au fur et à mesure que je décrivais la scène et que je sentais que les
joueurs mordaient, je me suis mis à en faire des tonnes, version reportage sur
TF1 avec tous les cliches d'un reportage pour faire pleurer dans les
chaumières, la poupée éventrée et lacérée, les affaires éparpillées dans
tous les sens, et les victimes qui ont encore sur le visage une expression de
terreur qui ne les a pas quittée depuis qu'elles s'étaient enfuies en hurlant.
Puis les PJ avançant sur la route, j'en suis arrivé
naturellement à leur décrire la scène finale en leur détaillant les
hommes-bêtes qui s'acharnaient sur un homme qui bougeait encore et un autre qui
était en train de dépecer un cadavre etc, etc.
Bref, du pas propre.
Pour la première fois ( alors que cela faisait la troisième
fois que je faisais jouer la campagne ), j'ai vraiment vu les joueurs ressentir
l'horreur de la scène. L'un d'entre eux a foncé dans le tas en hurlant comme
un berseker, cela à entraîné les autres.
Ils étaient enragés, tant et si bien que je leur ai remis
un avantage lors du combat du fait de la hargne qu'ils avaient vis à vis des
mutants. Bref, les PJ ont eu l'impression de venger le monde entier en
détruisant ces mutants.
A la fin de la séance, j'ai eu droit aux félicitations de
mes joueurs pour cette scène, à ma plus grande joie que je tenais à vous
faire partager. :-))
Et voilà
Le procès
(c) Rappar
La réussite, cela se travaille... Cela me rappelle une fin
de campagne que j'ai maîtrisée:
C'est à Warhammer. Un des personnages est un initié de Vérena, déesse de la justice, interdit de mentir. Pas de chance, le voilà
entraîné dans un gang qui prépare le casse du siècle.
Au bout d'un moment, lorsque leur véritable objectif se
dévoile, les PNJ délinquants commencent à le trouver encombrant (!), et
demandent à un des PJ (un halfling cambrioleur, celui-là) de le liquider. Au
lieu de cela, le PJ chasse l'initié de son auberge.
Et là, mon plan se déroule comme prévu comme rarement dans
les parties. J'ai prévu que l'initié se ferait tuer (presque!) et les autres
persos ne l'accompagnent pas dehors. Je m'adresse cyniquement au joueur du PJ
gros bras: "que fais-tu exactement ? Tu restes à l'auberge? De quelle
heure à quelle heure? Place ton personnage sur le plan de l'auberge!". Du
coup, aucune possibilité de dire "Mais en fait j'étais parti avec lui
!" : l'initié est seul quand il se fait poignarder rapide (j'ai rendu les
combats vifs et dangereux à WH).
J'avais préparé une expérience proche de la mort pour le
personnage initié de Vérena; il a une vision de lui-même dans un tribunal
religieux. On lui demande de juger ses complices.
Les discours du procureur étaient pré-écrits. PJ et PNJ
défilaient par gravité de crime croissante. Le joueur était obligé de
décider des peines de ses camarades et de lui-même...
Je pris mon ton le plus dur pour jouer un procureur
implacable " Et maintenant,... le magouilleur portant beau... je demande le
bagne ! … Le halfling as de la cambriole ... je demande l'amputation ! … Le
gros bras de la bande ... le bagne ! … Le tueur professionnel sans états
d'âme ... la mort ! Le génie du crime... la mort ! " avec à chaque fois
la longue liste de tout ce que j'avais pu noter comme actions illégales
"Vol avec violences ! Agression ! Trafics et contrebande ! Association de
malfaiteurs ! Esclavage !...".
Pour l'initié de Vérena: "Monsieur Le Président,
permettez moi de vous présenter le plus hypocrite de la clique... faites
venir... la caution morale!... Pour ce traître à sa congrégation, je demande
la déportation et l'exclusion du culte ! ".
Des réquisitoires dignes d'une cour d'assises. Les joueurs
étaient soufflés par la prestation. Ils m'ont dit que j'avais une vocation...
:-))
Comme quoi quand on prépare, c'est mieux.
Chut ! Chut !
(c) Pascal Théate (Aries
Altar)
C'était une partie de Runequest.
J'avais une équipe composée d'une Epée d'Humakt (un
prêtre de la mort, pour ceux qui ne connaissent pas Runequest), un barde, un
sorcier et une derviche.
Le scénario était le suivant : se faisant passer pour des
bandits, mes héros déguisés logeaient dans le camp de ces derniers, car ils
cherchaient à récupérer une pierre précieuse que la chef de ces malfrats
avait en sa possession. Ils avaient échafaudé un plan, mitonné aux petits
oignons et qui semblait tenir la route.
Il fallait savoir que la chef en question avait trouvé le
barde de mon groupe plutôt joli garçon et l'avait réclamé comme compagnon
pour la nuit où mon groupe allait agir.
Et donc, la nuit en question, ils se lèvent sur la pointe
des pieds, traversent le camp endormi, faisant attention à ne réveiller
personne.
Je décrivais les feux de camp qui crépitaient doucement , le
calme et la fraîcheur de la nuit, la tension qui pesait sur eux (surtout, ne
pas se faire remarquer), et surtout, la discrétion nécessaire pour
s'introduire dans la maison de la chef.
Pendant ce temps, le barde tentait de dérober la pierre et
se barrer discrètement, alors que mon groupe essayait de le récupérer pour
filer avec lui ensuite ...
Et bien, le plus amusant, c'est qu'avec l'ambiance que
j'avais créée, mes joueurs étaient tellement plongés dans l'histoire qu'ils
murmuraient tous à table pour "pas faire de bruit" et personne ne
semblait s'en être rendu compte, jusqu'à ce que le joueur incarnant la
derviche dise à haute voix : "mais, ça fait une heure
qu'on murmure, les gars ! Vous vous rendez compte ?"
Du coup, éclat de rire général, tout le monde se lève et
me regarde avec un grand sourire et l'un deux me dit: "Ouah, Pascal, t'as
vu l'ambiance qu'il y a à table ? Jamais vu ça !" :)
Le plus beau cadeau qu'on ai pu me faire à un jeu de rôles,
c'est ce sourire ravi et ces yeux pétillants de plaisir ...
C'est à cause de moments tels que celui-ci que j'aime être
Meneur de jeu.
Les Balazarings
(c) Philippe
Krait
Séquence horreur:
Première partie de Cthulhu dans le clube de l'Ecole. Je
délire totalement sur la description du monstre final, en en rajoutant des
tonnes dans le style horrible et malsain.
Résultat, un des joueurs, parti se coucher avant la meute -
le pleutre avait un exam le lendemain -, revient 5 minutes plus tard en disant:
"tu m'as foutu les jetons, et il n'y a pas de lumière à l'étage [de la
résidence universitaire]. Heu, il n'y a pas quelqu'un pour
m'accompagner?..."
Séquence bouffonne :
Runequest, Griffin Mountain, les joueurs partent à la
recherche d'une tribu de Balazarings corrompue par le chaos (et plus
précisément par Cacodémon) et donc probablement transformés en Ogres. Pour
ceux qui ne savent pas, à RQ, les Ogres sont en général plus forts et
robustes que les humains, mais ils n'ont pas d'autres signes particuliers
naturels.
Après quelques errances, les joueurs sont sauvés d'une
horde de goules par des Balazarings. Et là, personne n'a compris ce qui
s'était passé. Ils étaient tellement contents d'être sauvés, l'admiration
de la sorte de mesa plus ou moins inaccessible servant de cadre de vie aux
Balazarings et une envie furieuse de roleplay leur a fait déconnecter les
neurones du raisonnement.
En effet, les Balazarings étaient tous en bonne santé,
grands et forts. Leur chef tribal tenait cour uniquement la nuit, et avait une
peau très pâle, et sa concubine en chef était d'une beauté surnaturelle et
empreinte d'une séduction insoutenable.
Ils avaient tous les indices, mais ils étaient dans
l'ambiance.
Lancés dans de grandes discussions avec des Balazarings
apparemment ouverts et sympathiques, qui leur racontaient leurs troubles avec
les créatures de la vallée, perdus dans leurs plans pour aider en retour ces
braves primitifs en lutte contre une nature sauvage et des créatures du Chaos
qui ne l'étaient pas moins, en train de se vanter de leurs exploits passés ou
de se congratuler d'avoir survécu, ils n'ont pas trop prêté attention aux
descriptions de leurs sauveurs.
Résultat, ils ont participé à un grand banquet, et sont
aller se coucher tranquilles, chacun dans sa petite grotte privée, les
Balazarings en question étant troglodytes. Entre les ponctions du chef vampire,
les séductions de sa compagne succube et les repas des autres (tous des ogres),
la soirée n'a pas été triste.
Il y a juste eu un PJ qui, ayant entendu un bruit, s'est
réveillé pendant la nuit, et qui a assisté, impuissant à la scène
dantesque, en claquant des dents et sans oser donner l'alerte (ce qui était
plutôt une bonne idée).
Et lorsqu'au matin il a raconté ça aux autres, ils étaient
à la fois morts de rire "comment avons-nous pu être si bêtes ?", et
angoissés "et maintenant, qu'allons nous devenir?".
C'était très chouette.
Le banquet
(c) Cyril Pasteau
J'ai joué moins d'une demi-douzaine de fois à Hero Wars ,
et je n'ai maîtrisé qu'une fois, je vais donc évoquer mon meilleur souvenir
en tant que narrateur:
Les héros sont les convives d'un banquet organisé par un satrape lunaire.
C'est le soir aussi dans la vie réelle, et j'ai apporté un gâteau au
chocolat.
Je l'ai posé au milieu de la table. En disant: c'est le dessert du
festin.
Tous les joueurs en ont pris (c'était un petit passage pseudo-grandeur nature).
J'en viens à mon moment préféré: C'est lorsque j'ai annoncé aux joueurs que
leurs personnages ne parvenaient plus à bouger, et qu'ils ont réalisé que le
gâteau était empoisonné !
Aucun rapport avec le système de jeu d'Hero Wars, mais c'était réjouissant
quand même. Question système de jeu d'ailleurs, je ne l'ai pas très bien maîtrisé
lors de cette première partie mais c'est une autre histoire...
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