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Introduction CITE Dans le labyrinthe des immeubles éventrés par les tirs de roquettes et autres armes prohibées ; survivent des êtres humains à l’avenir incertain. Parfois, à travers les différentes strates de pollution, le soleil colore les tours de ces cités nouvelles de couleurs indescriptibles. Il arrive quelquefois que le sol de ces cités nouvelles ne soit plus éclairés que par la lumière artificielle des enseignes et des rares luminaires encore en état de marche.C'est là, dans ce cloaque immonde, que se débattent et survivent la majorité des êtres humains, alors que les classes dirigeantes s’élèvent au dessus de la pollution et de ses miasmes pour ce rapprocher du soleil. Ville embrumée surgissant d’un horizon bouché ou ville état-frontière construite en strate, les cités sont devenues des lieux de violence et de perdition ou l’homme essaie désespérément de survivre, cerné qu’il est par le bruit et la fureur des combats opposant les différents gangs existant dans son quartier. |
Au début des années quatre-vingts, un nouveau courant émerge dans la production de science-fiction, le cyberpunk. A la frontière de la SF et du Fantastique, ce mouvement, ultra-réaliste et hyper violent met en scène un monde désespéré ou, pour survivre, l’homme n’a plus d’autres ressources que de devenir machine. Dans cet univers désespéré, noir et violent ; Dirigé par quelques corporations toutes puissantes, la loi du plus fort est redevenue la règle. Alors que la majorité des citoyens oublient leurs conditions en s’évadant à travers substances ou supports directement injecté dans leurs cortex et leurs systèmes nerveux ; quelques courageux ou fous essaient de s’en sortir en dehors du système. Pirate de la matrice, aventurier, contrebandier... Ils sont bourrés de talents et d’électroniques et leurs espérance de vie est proche du zéro absolu! Mais ils sont peut être les seuls "hommes" libres de cette société décomposée. |
Pour découvrir ou se ressourcer dans l’univers du Cyber rien ne vaut les grands classiques du genre tel que :
Gibson avec Neuromancien ; Compte Zéro
; etc...
Houssin avec Argentine.
Williams avec Câblé ; etc...
La série Shadowrun dont je ne saurais trop vous conseiller de lire les trois premiers.
Ainsi que, dans l’univers trop souvent oublié de la BD :
Dragons de Contremarche et Mouclier
Fatum de Francard et Froideval
Gipsy de Marini et Smolderen
Polka de Siro et Convard
Béatifica Blues de Griffo et Dufaux
Les Eaux de Mortelune de Cothias et Adamov
Le Lièvre de Mars de Parras et Cothias
L’oeuvre de Bilal.
ENKI BILAL
OEUVRES :
1975 la croisière des oubliés 1976 le vaisseau de pierre 1977 la ville qui n’existait pas 1979 les phalanges de l’ordre noir 1980 la foire aux immortels |
1986 la femme piège 1989 Film bunker palace hôtel 1992 froid-équateur 1994 tykho moon Film 1998 le sommeil du monstre |
Né le 7 / 10 / 1951, en Yougoslavie, il se revendique d’origine Serbo-Croato-Musulmo-Chrétien et se déclare Yougoslave.
Il commence la Bande Dessinée à l’âge de 24 Ans sur des scénarii de Pierre Christin. Tout de suite apparaît une caractéristique : un univers très noir renforcé par des dessins ultra-réalistes, qui révèle un talent ne demandant qu’à s’affirmer.
En 1980 son talent explose avec son premier album solo : La Foire aux Immortels, album fantastique ou les dieux égyptiens reviennent sur terre dans un monde totalitaire gangrené par la corruption.
Un univers noir et sanglant, des couleurs bruts à base de rouge, noir et bleu ; une tendance marquée à l’autodestruction tempéré par une ambiance " glauque " ; font de Bilal l’un des auteurs les plus doués de sa génération.
Profondément optimiste de nature, l’auteur, à travers la violence de son univers, essaie de faire passer un message de paix et d’amour. Message difficile à appréhender car enfoui sous un discours sanglant et désespéré ; reflet de notre monde actuel.
Après une incursion dans le domaine du cinéma à la fin des années 80 avec " Bunker Palace Hôtel, " film très sombre se situant après un hiver nucléaire dans un univers extrêmement policé faisant référence, sans le nommer, au régime russe, son univers devient encore plus difficile d’accès. Il refera une expérience cinématographique en 1995 avec Tykho Moon, film clé incompréhensible pour celui qui ne connaît pas l’auteur.
Enki Bilal revient à la Bande Dessinée suite aux événements de Bosnie et nous livres ces réflexions dans un superbe album intitulé : Le sommeil du monstre.
Magnifique album d’une noirceur absolue, où le désespoir est érigé en dogme et la violence en mode de vie. Monde despotique où les dirigeants ne sont que des clones d’eux mêmes ; parfois même des images de leurs propre clones. Album où, pourtant, survie l’amour comme seul moyen de Rédemption, amour destructeur, noir et violent à l’image même de ce que peut ressentir un homme déchiré entre l’amour de son pays et sa haine de la guerre et de la violence.
SCENARIO : Enki BILAL |
DATE DE PUBLICATION : 1998 |
TITRE : Le sommeil du monstre |
EDITEUR : Les Humanoïdes Associés |
DESSINS : Enki BILAL |
PRIX : 78 F |
Il s’appelle Nike Hatzfeld et il se souvient. Il possède une telle mémoire, que non seulement il se souvient de tous ce qu’il a lu, vu où entendu, mais il est également capable de remonter le passé jusqu’au jour de sa naissance.
Il se souvient !
Elle s’appelle Leyla Mirkovic, est astrophysicienne et se trouve dans la dernière station spatiale capable de voler ; dernier vestige de la science européenne.
Il se souvient !
Il s’appelle Amir Fazlagic et il se retrouve enrôlé, par erreur, au sein des derniers grands terroristes européens : L’Obscurantis Order ; dont le but avoué est d’éradiquer " tout ce qui touche à la pensée, à la science, à la culture et à la mémoire... "
Il se souvient !
" Ce même jour J.10, une infirmière dépose un paquet dans le grand lit blanc, entre Maire et moi. Ce paquet de quelques heures à peine, s’appelle Leyla Mirkovic... Pour la première fois, nous voici réunis tous les trois. [...] Je suis l’aîné, et je jure sur les étoiles qui brillent au-dessus du plafond envolé de les protéger toujours. Je le jure. "
A travers cet album, premier d’une trilogie, Enki Bilal nous offre sa réflexion sur la mémoire, la guerre, Sarajevo, le monde... Histoire multiples et complexes rehaussées de desseins noirs et torturés ; " Le sommeil du monstre " est certainement l’album le plus abouti de l’un des auteurs de bande dessinée à l’univers le plus riche.
Très certainement un chef d’oeuvre de la bande dessinée contemporaine.