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quelques précisions historiques sur le monde médiéval, extraite du forum fr.rec.jeux.jdr

Mobilité sociale au moyen - âge

Raphaël Bombayl

Nico a écrit:
> Service du roi? tu parles des conseillers?

Non. Je parlais plutôt des "officiers", qui remplissaient des "offices", des missions pour l'Etat royal. Tous n'étaient pas nobles.

> Ce sont surtout les chefs mercenaires qui pouvaient accéder à la noblesse par la guerre

Un chef mercenaire est souvent un noble au départ.

> , pour un sergent c'est quasiment impossible.

Statistiquement oui, mais en pratique ce n'est pas exclu d'être fait écuyer. Les générations suivantes feront le reste. La séparation entre la petite noblesse et le peuple a été très floue à certaines périodes, et pas seulement pendant les plus troublées.

> Ce n'est qu'avec réticence qu'on les faisait combattre contre des chevaliers dans de rares cas, et quand on manquait vraiment trop de monde.

C'était ce que voulaient les règles de la chevalerie! mais dans la réalité un roturier pouvait fort bien combattre un chevalier! Les question d'honneur viennent après (nous ne sommes pas dans le Japon médiéval!). Ce sont surtout les impératifs techniques qui priment: un piéton ne fait pas le poids contre un chevalier monté et en armure.

> On pouvait aussi s'élever dans la société par le biais de l'Eglise (ex : Suger, un orphelin qui sera le principal conseiller de deux rois de France et abbé de St Denis (une des abbayes les plus puissantes de la chrétienté)).
> En ce qui concerne les "notables des villes" je pense qu'il s'agit surtout de marchands et de quelques ministeriaux malins, mais dans ce cas l'ascension se fait quand même plutôt sur quelques génération AMHA..

Il s'agissait de gens ayant de l'instruction, qui sont passé par l'Université et maîtrisent le droit. C'est à partir d'eux, dans le service du roi et des grands princes que naît la noblesse DE ROBE. Cette catégorie un peu particulière tend à prendre la place des "seigneurs de guerre" dans le conseil du roi ou des princes territoriaux.

certes, cela se fait en plusieurs générations, mais pas sur des millénaires non plus, les choses s'accélèrent à partir des 12ème-13ème siècles (augmentation sensible du recours à l'écrit, naissance de l'Université, mise en place de l'Etat royal...). Ces évolutions font que l'ont a besoin de nouvelles compétences, que l'ont va trouver chez les non-nobles souvent. Cela s'accentue aussi avec le fait qu'au cours des 14ème-15ème siècle, l'ancien système des relations féodalo-vassaliques a tendance à battre de l'aile.

Et cela seulement pour le moyen âge classique (10ème-13ème s.), parce qu'avant (le Haut Moyen Age), les choses sont plus floues encore: la "noblesse" n'existe pas vraiment, même si on peut parler d'aristocratie, qui était assez ouverte (raisons économiques: possessions de terres, et juridiques: fait d'être un homme libre et au service d'un grand seigneur).

N'oublions pas non plus qu'il existe non pas UNE forme de seigneurie, mais TROIS: seigneurie féodale (relation synallagmatique entre un "seigneur" et un "vassal"), seigneurie foncière (possession de terres), seigneurie banale (appropriation par un seigneur d'anciens droits royaux (le ban) au cours du morcellement territorial qui suit l'éclatement des grandes principautés carolingiennes). Toutes ne sont pas réservées à un seul "seigneur" noble...

Enfin petit rappel gratuit: s'il existe une seigneurie laïque, il existe aussi une seigneurie cléricale: un abbé ou un évêque pouvait être seigneur d'un territoire au même titre qu'un "noble".

> Cela dit il y avait effectivement des seigneurs un peu simplets qui ne faisaient pas trop la différence entre leurs paysans et ceux des autres et qui pillaient et percevaient leurs impôts de la même manière à peu de choses près.

Ils étaient rares. Un bon seigneur est avant tout un bon gestionnaire. Sinon il ne dure pas plus d'une génération.

> L'idée selon laquelle avoir des paysans plus riches et productifs était intéressante a mis du temps à faire son chemin...

Il faut être logique: certes les "sciences économiques" n'existaient pas. Mais la relation seigneur/paysans est un contrat synallagmatique: les deux partis doivent quelque chose. Parfois, c'est à l'avantage du seigneur, mais parfois seulement. les "paysans" restent les véritables maîtres de la terre: les nombreux traités et les franchises (privilèges accordés) montrent qu'ils avaient un pouvoir de négociation non négligeable. 

De plus, le monde du Moyen Age est un univers en perpétuelle expansion (défrichement, augmentation de la population, stabilisation de la société...). les seigneurs consentaient souvent à accorder de nombreux privilèges pour attirer de la population (de plus les gens ont pu se tourner vers d'autres pouvoirs, notamment le roi dont le pouvoir ne cesse d'augmenter, afin de court-circuiter le pouvoir du seigneur local). 

Un seigneur à tout intérêt à s'entendre avec ses gens, car ceux-ci sont sa sources de richesse. Les "impôts" n'étaient par exemple jamais "direct" (sauf cas rares), mais indirects: taxes sur ceci ou cela, revenus des amendes de justice... Bref ils étaient "discrets", et soumis à la coutume, ce qui limitait fortement les levées abusives.

Anecdotes

Bertrand Baudru Petite anecdote, pour voir que les gens du Moyen Age n’étaient pas bêtes, loin de là. Lors du carême, interdit de manger de la viande, des oeufs...
Dans certaines régions, les gens ont dit pendant des années que les oies tombaient des arbres. Tout le monde savait que c’était faux.
Mais si les oies tombent des arbres, ce sont des fruits, et donc on peut en manger pendant le carême...

Ou pour ceux qui ont des enfants:
La chanson "Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés, la belle que voilà ira les ramasser...", que l'on apprend en maternelle ou en colonie de vacances, parle de l'interdiction des bordels durant une partie du règne de St Louis. En effet ces derniers avaient une branche de laurier au dessus de la porte (plus joli qu'une lampe rouge), et toute cette chanson ne parle que de sexe et de rouvrir les bordels....

Et la plupart des chansons pour enfants sont du même genre...

L'histoire dépasse la fiction

From: Phil Masters
Newsgroups: rec.games.frp.misc
Date: Lundi, 24 Jul 1995 19:16:38 GMT

Je suis récemment tombé sur ce qui suit dans un guide de la ville de Norwich [en Angleterre].
A mon avis, la politique ecclésiastique n'est plus ce qu'elle était.

En 1272, il y eut un tournoi à Norwich. Malheureusement, cela donna lieu à une bataille qui n'était pas au programme, entre des citadins et des serviteurs du prieuré, chaque faction se battant avec des bouts de lances brisées. Un citadin fut tué ; les serviteurs du prieuré se réfugièrent dans le district de la Cathédrale, hors de la juridiction de la Ville. Quand deux des serviteurs mirent le pied dehors, ils furent arrêtés, aussi le prieur excommunia l'ensemble des habitants.

D'autres accusations furent portées contre les serviteurs du prieuré (comme démolir des tavernes du coin), donc ils verrouillèrent les portes, accrochèrent des boucliers sur ses murs, et commencèrent à dégommer les citadins avec leurs arbalètes. Les citadins répliquèrent avec des flèches enflammées depuis la tour d'une église voisine. (Ouais. Une société armée est une société bien policée)
Quelques frères dominicains tentèrent une médiation, sans succès. A la fin, les citadins ravagèrent le prieuré, réduisirent en cendres quelques-uns des bâtiments externes, et tuèrent 13 membres de la communauté. Le prieur s'enfuit dans une autre ville, puis revint avec une poignée de gros bras, dans une tentative infructueuse pour reprendre le prieuré. Puis l'évêque excommunia la ville…

A la fin, le roi envoya son armée. Divers citadins furent exécutés, des manières charmantes et variées que l'on avait au moyen-âge, et la ville dut payer une amende. Mais pour être juste, l'armée royale emprisonna aussi le prieur jusqu'à ce qu'il accepte de démissionner. Le litige initial, concernant des droits de taxation du marché local, traîna jusqu'en 1306.
Moi je trouve que cela ferait un super scénario.
- vous voulez que nous attaquions un temple? Euh, est-ce que le prêtre ne va pas être contre ?
- Non. JE suis le prêtre.
- Pardon ?
- Ecoutez, tout ce que vous avez besoin de savoir, c'est que des gens essayent de priver le temple de nos droits.
- Quel gens ? Et quel droits ?
- Seulement la populace du coin. Et c'est le droit de taxer les marchands d'étoffes.

Arc, armures, arbalètes

Skarn non, non je confirme les propos d'Agarwaen : une flèche tu tombes, parce que tu vois j'ai fait du tir à l'arc, 8 ans avec Agarwaen, personnellement mon arc est un compound de 45 livres de puissance, ben avec ça à plus de 30 m je fais un trou dans un parpaing, alors imagine ce que ça peut donner avec les arcs de 100 livres que l'on est censé utiliser en JdR

Agarwaen Les archers gallois qui ont foutu une branlée à la cavalerie française à Crécy (corrigez moi si je me trompe de bataille) utilisaient des arcs longs de 100 livres. Ce genre de gadget, je n'arrive même pas à le tendre. C'est une des raisons de l'abandon de l'armure de plates : elle ne protégeait pas contre les armes de distance (c'est aussi à cette époque qu'on a vu arriver l'arbalète si je ne m'abuse). Les armes à feu n'y sont pour rien.

On se demande encore pourquoi on a abandonné l'arc long...

Oxidor Trucidel Je dois quand même préciser que c'est un trait d'arbalète qui a tué Richard Coeur de Lion; 250 ans avant Crécy, elle existait depuis longtemps.
Quand aux armures de plates, elles ont survécu à la guerre de 100 ans et à l'arc long, jusqu'au XVIIIe siècle.
En 1370, Jean Chandos (équivalent anglais de du Guesclin) a remporté la palme du festival du rire pour la façon ridicule dont il est mort, en trébuchant sur les parements de sa superbe armure pendant une bataille...

Rappar : la pointe de l’arbalète n'était pas fixée sur le manche; on ne pouvait pas l’extraire  des chairs, qu’il infectait ; l’arbalète tuait à terme, d'où l'expression " rester sur le carreau ". Est-ce pour cela qu'elle était considérée comme une arme diabolique ?

Patrick JOLY Elle alliait surtout précision et puissance, bref très efficace même sur les cibles lointaines et protégées. Et tout le monde n'en possédait pas. De tous temps, toutes les armes apportant une supériorité étaient considérées comme "diaboliques" par ceux qui ne l'avait pas encore.

Cautérisation

Rappar : on parle beaucoup de cautériser les plaies, surtout en JdR héroïc-fan "allez hop, je n'ai pas de médicaments, je cautérise la plaie!", mais quelle est vraiment l'efficacité de cette technique ? Est-ce que "le remède" n'est pas pire que le mal ?

Patrick JOLY
La cautérisation ne consiste pas à désinfecter une blessure mais à détruire une partie malade de certains tissus ou à obtenir un effet hémostatique. A manier avec précaution, c.f. l'invention du "scalpel électrique", un filament de tungstène parcouru d'un courant.
Le problème d'une cautérisation comme l'imaginent généralement les PJs est qu'il va y avoir pas mal de tissus morts qui vont rester et entraîner infection et gangrène, outre les atteintes aux tissus vivants sains alentours.

On a aussi ce problème avec l'utilisation d'alcool à trop forte concentration : 70/90°, qui peut attaquer les tissus vivant et là aussi faire de la plaie le siège d'une infection.

Bertrand Baudru Un médecin pourra être plus précis, mais si je me souviens bien, cela provoque un choc métabolique qui peut provoquer la mort du patient. Et c'est réellement efficace, si la plaie est propre et en nette. Autrement on risque de laisser des trucs dans la plaie. En plus, on peut dans certains cas empêcher les membres de bien refonctionner (genre on brûle des nerfs). Le seul truc efficace, en medfan, c'est nettoyer la plaie du mieux possible, la refermer et la coudre (d'ou intérêt de la compétence " couture "), et de la panser du mieux possible. Et de courir trouver un clerc.

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