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JdR et théâtre

Re: [DEBAT] pinaillerie théatrale

Bertrand Baudru: (..) En jdr on joue, on n'interprète pas, ou alors tu oublies complètement le côté ludique. Au théâtre, le côté ludique est nettement moins présent.

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Ashura

Etant rôliste et comédienne amateur, je viens apporter mon grain de sel.

Jouer un rôle au théâtre, c'est s'y investir complètement, devenir le personnage. Personnellement je m'insurge sur la confusion que font les gens entre "comédie" et "subterfuge" parce que quand on joue la comédie on ne ment pas, on est au contraire terriblement sincère (sinon ça s'appelle du cabotinage). Le comédien est tout entier à son jeu. Mais j'insiste sur le fait que c'est un jeu quand même. Le théâtre permet de se libérer complètement de la pression de la vie quotidienne, il est une fuite au même titre que le jeu qui se situe hors du cadre quotidien et terre-à-terre.

Autour d'une table de jdr, on ne peut pas être aussi concentré que sur une scène. Enfin c'est très dur, vu que l'environnement ne permet pas une immersion totale. Cependant autour d'une table de jdr j'essaie au maximum d'être dans mon perso, de devenir lui comme si j'étais sur scène. (cf. une partie de Vampire où je jouais une Malkav' et dont j'ai gardé les tics quasiment six heures). En fait quand on peut tout à fait jouer son perso théâtralement dans un jdr. Et je suis très contente quand j'arrive à bien interpréter, justement.

Donc je ne pense pas que ce soit si éloigné en fait. C'est juste un degré d'implication différent :)

> Je crois que par " jeu " tu entends plutôt " loisir ", non ?
 
Plus spécifiquement, un loisir actif (ben oui aller regarder un film au cinoche ça ne tient pas du jeu) avec un cadre fixé par des règles. On peut parler de "règles" pour le théâtre dans la mesure où la règle fondamentale est de ne pas agir en tant que soi mais en tant que personnage.
Le côté ludique du théâtre transparaît aisément dans un match d'impro, mais on peut très bien "s'amuser" en jouant une pièce dramatique, car à chaque fois on réinvente son personnage (même à la centième représentation).

> > Autour d'une table de jdr, on ne peut pas être aussi concentré que sur une scène. Enfin c'est très dur, vu que l'environnement ne permet pas une immersion totale.
> Immersion qui n'est pas toujours l'objectif d'une partie.

Non bien sûr.
Mais quand je n'ai pas réussi à me mettre dans la peau de mon perso je trouve que c'est une partie ratée ^_^;

[C'est juste un degré d'implication différent :) ]
Disons que c'est une question de gradation dans la complexité des règles. Les règles du théâtre sont en fait très simples et entre l'impro totale et la pièce classique la différence réside dans la rigidité du cadre. La gestion des actions au théâtre est chaotique parce qu'il n'y a pas de règles pour la plupart, on répond à l'impro par l'impro. Mais d'un autre côté on a une limite qui est celle du monde physique. En jeu de rôles la limite est celle de l'imagination mais il y a des règles pour beaucoup plus de choses.

 
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Esus

eh bien pour moi, je ne donne pas de moi dans le jdr comme dans le théâtre. 
Je serais rapide en disant que l'on donne au théâtre ce que l'on est (au fond de nous) et que l'on donne ce que l'on veux (son idéal ou l'image du perso par projection) dans le jdr!

C'est d'ailleurs pour ca que j'ai arrêté le théâtre. Trop dur en ce moment pour moi (et pour mon moi), alors que je continue le jdr!

En gros, pour bien interpréter son rôle, on donne la vérité dans le théâtre et un simulacre :) pour le jdr, et on improvise avec dans les deux cas!
Esus, ex-comédien (simple) amateur...

Jean-Marc Suzzoni Et quand on doit jouer un infecte salaud ?

 
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Esus :

Je dirais qu'au théâtre tu ne donnes pas le fait d'être salaud ou pire, mais de donner sincèrement chaque émotion, chaque attitude au plus fort, bien que dosées, de ta capacité (pleinement modérées et contrôlées pour les bons comédiens) dont l'enchaînement a pour but de donner l'impression du rôle.
AMA, on donne "vrai pour prêcher le faux", ou de soi avec l'objectif de faire l'autre.
D'ailleurs la concentration est nécessaire pour chercher ces tranches de soi, pour les agencer de manière à sublimer son rôle et en plus pour saisir l'espace, les autres comédiens, et l'atmosphère du public.

Dans le JdR, personnellement, je donne directement de l' "autre" (le rôle du PJ).
Et cela peut m'amener à, soit préparer une partie de moi à comprendre ceux qui endossent ce rôle dans la vrai vie (observation / réflexion pour comprendre les autres en éliminant le max. de soi dans ces projections), 
soit à explorer sous d'autres angles une partie de moi (c'est là aussi que se trouve le "jeu" en tant que plaisir) par le biais du PJ.

Dans le théâtre le plaisir résidera bien plus dans le surpassement de soi en se donnant, tout en respectant les "contraintes" du rôle du personnage.

En général je peux être un vrai salaud dans une partie, comme PJ et MJ, faisant promptement des plans machiavéliques qui ne me seraient jamais venus à l'esprit dans une situation personnelle et normale. Sans préparations, il me serait difficile d'entrer dans la peau d'un tel salaud au théâtre!

Esus, qui aimerait connaître la façon de voir cela des autres comédiens frjjistes...

 
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Ashura

Pour bien jouer un salaud, pas besoin d'en être un.
Juste de se sentir salaud le temps qu'on est sur scène.
On dit la vérité au public tout on se mentant à soi-même... enfin c'est compliqué à expliquer, mais moi qui suis quelqu'un de tout gentil en vrai je peux tout à fait être sincère en jouant une méchante sur une scène de théâtre.
Mais ça demande une très grande concentration de garder ce genre de personnage le temps d'une partie, donc en jdr je joue des persos encore plus gentils que moi :)

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