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DE L’ANIMATION A LA SIMULATION 3ème partie

L'APOCALYPSE SELON SAINT MANGA

par Gendo Ikari

Non, c'est décidé, je ne ferai pas d'article sur les Med-Fan nippons. C'en est trop ! En plus qui a encore envie de mener AD&D ? Non vraiment pas, et puis mince, achetez L5A et vous saurez. Bon alors de quoi parler ? J'ai décidé de vous entretenir d'un thème qui me tient à cœur en tant que meneur à Cthulhu, Vampire et autres Réseau Divins. Sans ambages, ni contrefaçon je vais vous faire une révélation.

Je ne vais pas vous dévoiler immédiatement le sujet d'aujourd'hui ; laissez-moi cependant vous faire un inventaire des mangas auxquels je vais faire allusion : Gargoyles, Vampire - Princesse Myu, Tokyo Babylon, Ah ! Ma Goddess et dans un autre style Wingman. Mais cette liste ne serait être exhaustive si j'oubliais les Chevaliers du Zodiaque, Shurato ou Sailor Moon. Quant à Neon Genesis Evangelion, il mériterait tant d'être noté comme exemple et archétype de ce genre que je ne me résous pas à ne pas y consacrer un article particulier à paraître ultérieurement. Vous commencez à avoir une petite idée du thème, je présume. Alors je vais fixer la seule règle de lecture de cet article : j'appellerai le thème, le Thème.


Bien sûr, comme précédemment, je vais vous dire qu'il y a plusieurs façon d'aborder le Thème tel qu'il est traité dans les mangas. Cela est dû aux différents points de vue que le mangaka (auteur de manga) a voulu défendre. D'aucuns diront que le Thème est lié au mal, d'autres qu’il vient du bien, et les derniers que ça dépend. Je n'entrerai pas dans cette polémique étant moi-même farouchement opposé à toute vision holiste ou manichéenne.


Alors pour commencer, je vais parler du Thème comme d'un mal. En cela je prendrais Gargoyles comme exemple. En effet les méchants (qui font bobo) sont ceux qui détiennent le pouvoir Thématique. Ils sont de trois types :

Tout d’abord, des ambitieux tragiques à la Xanatos ou Demona - l'angliciste que je suis ne peut qu'apprécier les nombreuses allusions à Shakespeare, Demona étant une abréviation pour Desdemona de Othello, un chasseur de Gargoyles se nomme Macbeth, trois sœurs sorcières et Avalon font leur apparition dans la série et tout le monde se souvient d'Oberon et Avalon tirés d'un Songe d'Une Nuit d'Eté. Bien sûr, le pouvoir incite, excite et peu y résistent ; même pas le héros, Goliath, qui endosse le cœur du Phénix pour mieux chasser le méchant sorcier mais qui se trouve radicalement changé en tueur sanguinaire. Il ne faut pas oublier que les gargoyles eux-mêmes sont des créatures Thématiques créées spécialement pour protéger les humains la nuit.


La deuxième sorte est l'apprenti du pouvoir qui rate son rituel et qui " endort " presque toute la meute de Gargoyles pour un millier d'années. Un autre exemple serait le cas de Broadway qui vole une page d'un livre Thématique et le donne à Demona pour signer une trêve.


La troisième catégorie comprend le Thématique surpuissant dont les actions ne sont pas tellement justifiées par la morale mais qui s'en fout, il peut détruire le monde, alors, merde quoi, on a plus le droit de s'amuser ? ! Je parle d'Oberon et de sa femme.


Bien. Revenons à notre sujet, le trio " initiative-attaque-dégats ". Qui ne m'a jamais vu demander à mon meneur de Vampire : " Est-ce que je peux jouer une gargouille avec Xanatos comme Tremere ? " A ceux-là je leur dis : achetez un Sonotone ! ! !



Maintenant, passons à la Japanim' à proprement parler. Vampire - Princesse Myu est un excellent manga Thématique qui répond à la vision négativiste du Thème. 
Souvenez-vous des traumatismes numéro 1 et 2 des Japonais : l'invasion et l'explosion. Ainsi l'envahisseur (qu'on pourrait traduire par l'Amerloque ou le Chinetoque) est invariablement l'ennemi. Mais, là encore, l'héroïne, Princesse Myu, est une vampire dans la plus pure tradition japonaise portant le Kimono et tout, qui lutte contre un ennemi en uniforme vert avec un képi orné d'une étoile rouge à 5 branches (Mao, quand tu nous tiens !). Elle doit à la fois se battre contre sa Bête, contre le méchant et contre l'aversion de sa famille en ne
révélant pas son état. Lourde tâche pour de si frêles épaules. Pas sûr ou pas vraisemblable ? A vous de juger. Je préconise d'acheter Kindred of the East pour toucher du doigt toute la Thématique orientale et les vampires. A part ca, les graphismes sont très stylisés et les histoires acceptables.



Venons-en maintenant à la deuxième partie, l'antithèse (qui précède la fouthèse et qui suit la thèse). Non, ce n’est pas vrai, les pouvoirs fantastiques servent aussi à lutter contre le mal. Et pour appuyer votre démonstration, vous ne manquerez pas de me citer, Les Chevaliers Du Zodiaque ou Sailor Moon.



A ma droite, nous avons des guerriers qui se battent d'abord sans but (autre que récupérer l'armure d'or) et qui, ensuite, apprennent que le mal existe même au Sanctuaire et l'histoire va crescendo. De la Princesse Semoir et de l'armure d’or, on passe bien vite au Sanctuaire et tout cela est bien gentil mais si les chevaliers de bronze ne sauvent pas le monde des eaux par deux fois (l'anneau de Nibelungen et Poséïdon), ils ne sont pas dignes de la Princesse Saori et de leurs armures qui resteront de bronze (même si quelque peu modifiées par du sang de chevaliers d'or).


Le jeu de rôle existe et l’univers est adaptable avec n’importe quel JdR Thématique voire de Superhéros. Ce que je regrette un peu est que les vrais coups sanglants se soient transformés en déformations de corps et aussi, qu’il s’agisse de Seyiar (le héros) ou des autres chevaliers, les nouvelles armures ne sont ni esthétiques ni crédibles.


Pour moi, vive Icky ! Le chevalier Phénix est le seul personnage intéressant qui donne une " raclée " mémorable au Chevalier Shaka de la Vierge. On a une
vision de comment Icky fonctionne en tant que personnage qui dépasse, non seulement le personnage lui-même (il a connu l'enfer mais les chevaliers le convertissent à l'amitié), mais aussi les autres personnages (il n'y a que Ioga et sa mère qui offrent un background un tant soit peu fouillé). Car le point fort de cette série réside bien là : une intrigue aussi Thématique que psychologique ; le Chevalier du Gémeau-qui-a-deux-côtés penche vers le Mal, tue l'ancien Grand Pope, domine Ayor, le Chevalier du Lion avec l'aide du Chevalier de la Vierge, le Sagittaire se révolte contre cela et sauve la Princesse Saori alors qu'elle n'est qu'un bébé.



La gestion des combats est une pure merveille. Ces derniers ont un but autre que protéger Athéna (Qui c'est elle ? Ah oui, la Princesse Saori !). Le but des combats est la Justice (Thématique et humaine), et les coups sont à la fois une
révélation Thématique (le 7ème sens) et une intrigue " psychologisante " (les limites du Soi et les fondements de l'Action). Une dernière chose sur les combats qui possèdent une qualité rare dans les autres séries : l'inventivité. 
Les attaques ne sont pas seulement physiques mais se révéler mentales ou émotionnelles. Par exemple, Icky a le seul pouvoir intéressant de tous les chevaliers : il peut faire croire que la pire phobie de son adversaire se réalise, ce qui les humanise. On se rappelle aussi du Chevalier d'Asgaard (le cycle de Nibelungen) qui ne dégageait aucune agressivité et qui attaquait par sa lyre, ce qui empêchait les chaînes d'Andromède de Shun de le défendre. Bref, c'est une excellente série Thématique dont Shurato n'est qu'une pâle copie appliquée à la mythologie hindoue.



Abordons à présent le Thématique pour filles car, voyez vous, il existe (à la fois les mangas pour filles, et les filles dans le Jeu de Rôle). Prenons le " Balzac " du genre : Sailor Moon. Cette série, à première vue, paraît " gnangnan " et ses monstres très ridicules, sauf les vraies têtes pensantes du crime.


Il n'en est rien, non, non, je vous assure. Sailor Moon est l'histoire de Bunny Rivière, une jeune fille qui a priori, ne sait rien faire. Elle ne connaît rien en classe, ne sait réaliser des tâches simples comme des travaux ménagers ; elle est d’une maladresse vraiment incapacitante.

Mais un jour, son chat femelle Luna qui porte le sceau de la Lune lui
révèle qu'elle est une guerrière Sailor (son habit de marin le prouve) et qu'elle est là pour faire régner la justice. " Au nom de la Justice je vais vous punir " est d’ailleurs la phrase que Bunny prononce à la fin de sa transformation en Sailor Moon. Elle obtient vite sa première arme, le Bâton Lunaire orné d'un croissant (de Lune, pas au beurre). Au fur et à mesure, elle découvre qu'il existe d'autres guerrières Sailors (Mars, Mercure, Jupiter, et Vénus) et s’aperçoit rapidement qu'elle est le chef du Groupe.

C’est alors que le premier ennemi survient : la Reine Metallia. Hantée par l'image de la Princesse Serenity (sa future identité), Bunny engage le combat avec la Reine Metallia dans un Œdipe inversé, épique, digne de ce nom (je vous promets, demain, j'arrête le Freud de comptoir).

Il s'agit en fait pour Bunny de régler ses comptes avec sa mère au sujet de son nouvel état de guerrière qu'elle atteint par la transformation, l'adolescence. Par la suite, plusieurs ennemis d'importance se succèdent, comme le frère et la sœur extra-terrestres qui attaquent la Terre pour nourrir l'arbre de la vie, l'Yggdrasill (tiens, cela me dit quelque chose mais quoi ?) ; épisodes où notre héroïne explore les relations de fraternité et d'amitié.

Après, c'est toute une famille que Bunny doit affronter mais avec l'aide d'une nouvelle guerrière, Sailor Shimi Moon, une gamine de six-sept ans aux cheveux roses, qui se trouve être la Fille de la Princesse Serenity et de l'Homme-Masqué. Vous remarquerez le beau paradoxe temporel qui transporte Shimi Moon auprès de sa future mère, …


Quant à son père, eh oui, il y a un homme et non des moindres, Bourdu. Il est le fiancé de Bunny. Bourdu va à la Fac alors qu'elle va au lycée et toutes les autres filles sont amoureuses de lui. En Homme-Masqué, son seul pouvoir est d'être habillé comme un pingouin en queue-de-pie, et de lancer une rose pour délivrer Bunny au moment critique.

Vous l'aurez compris, le reste du dessin animé aborde le thème de la famille et de l'amour. C'est d’ailleurs bien là le fondement du pouvoir de Sailor Moon à en juger par la couleur rose de son frisbee Lunaire et de son Bâton Magique, qui deviendra un sceptre (emblème phallique isn’t it ?).

Mais où nous touchons la quintessence même du Thématique, c'est avec la quête du Graal qui demande 3 Talismans se trouvant dans les rêves les plus purs au monde de trois personnes différentes : ceux de deux nouvelles guerrières Sailors (Saturne et Uranus) et de Shimi Moon.

Le Graal attire cependant un ennemi particulièrement puissant, un Alchimiste qui se sert d'un four magique pour créer les monstres. Ceux qui ne voient là aucun rapport avec le moindre Jeu de Rôle sont des malchanceux qui n'ont jamais goûté la saveur d'un bon Thématique contemporain. Je suis d’ailleurs persuadé que vous avez déjà, à ce point précis de votre lecture, compris le contenu du Thème. Terminons avec la quête du Graal en signalant que la fin dans une église gothique du meilleur cru, est une pure merveille.


En conclusion c'est une bonne idée pour un JdR centré sur un groupe autour d'un personnage principal (et un joueur assidu). De plus, le nombre des guerrières et leurs pouvoirs me fait penser à Néphilim. Je finirai cet article en m'expliquant sur cette longue narration qui avait pour objet le rapprochement des orientations divergentes de Sailor Moon et du Jeu de Rôle.



Tout cela est bien beau mais, rien dans le Thème n'est ni blanc, ni noir. Le Thème est cette lueur grisâtre qui nous guide vers un avenir incertain. Sailor Moon le reconnaît elle aussi, elle est double (l'anti-héroïne et l'héroïne, l'adolescente parfaite). Cependant cette Japanim' est plus rose que grise.


Passons vraiment au D.A. adulte : Tokyo Babylon. Cette série met en scène un adolescent orphelin androgyne qui a des pouvoirs Thématiques voire psioniques. Il est habillé avec un short trop court, rouge, un chapeau large avec des pompons et une veste noir de Torero. Vous l'aurez compris, l'esthétisme très poussé de cette série est hispanisant. Le héros est aidé par sa sœur qui met une touche de gaieté dans l’univers mélancolique du héros.

L’état d’esprit du héros qui ne cesse de se poser des questions sur son pouvoir tout en résolvant des affaires Thématiques pour la police n'est pas sans me rappeler celui de mon fils Shinji, mais c'est une autre histoire. Il correspond à l'atmosphère de cette série un peu glauque. 
Tueurs en série, fantômes, télépathes, adeptes de la télékinésie, tout y passe dans cet X-Files nippon et c'est un véritable régal (mieux que dans X-Files car nous avons Scully et Mulder regroupés dans le même perso). La question de l'orientation des pouvoirs Thématiques ne sera jamais résolue et l'origine de ces pouvoirs ne sera jamais révélée.


Dans un autre genre, j'aimerais aussi vous parler d'un manga en B.D. : Ah! Ma Goddess. Cette série est à peu près dans la lignée de Tokyo Babylon sauf que le héros n'a aucun pouvoir mais il est tombé amoureux de Belldandy et réciproquement. Rien de folichon, me direz-vous. Cela peut être une simple histoire d'amour sauf que Belldandy est une Déesse, ainsi que sa sœur Ould et qu'elles ont pratiquement renoncé au Paradis pour être avec le héros. 
De plus, les sœurs sont fondamentalement différentes ; l'une est tout miel et possède des ailes (vive les Anges de Néphilim) et l'autre est une manipulatrice de première, cherchant à empêcher sa sœur de se marier. Notre trio est accompagné d'un groupe composé d'autres étudiants plus ou moins déjantés et arrivent quand même à résoudre les problèmes Thématiques du scénario. Bref si Tokyo Babylon est gris foncé, Ah! Ma Goddess est gris clair.



Encore plus clair, il y Wingman. Ok, ce D.A. est super " gnangnan ". Mais il possède pourtant quelques avantages non négligeables. Premièrement, il nous fait découvrir d'autres dimensions que la nôtre (un peu comme la regrettée planète Euphor de Goldorak ). Deuxièmement, l'héroïne - qui se fait passer pour la cousine Elodie du héros - vient de cet autre plan et est très court vêtue (un peu à la Lamu). Enfin, cette série se moque de tous les héros à la Bioman qui sont la coqueluche des jeunes Japonais.

Encore une fois le héros est un ado et encore une fois c'est un anti-héros pertubateur en classe et bon à rien sauf en dessin (ce qui lui permet d'inventer Wingman pour résister à l'empire qui a envahi l'autre plan et qui projette d'envahir la Terre).



Alors, qu'est-ce donc que le Thème ? C'est le mystique, l'occulte, le parapsychologique, mais je suis sûr que vous l'aviez déjà deviné. Alors vous demanderez-vous, pourquoi ai-je souligné plusieurs fois les mots en rapport avec le secret ? Parce que tous ces dessins animés ont deux concepts en commun dont le premier est l'Apocalypse (la Révélation par excellence, du Livre biblique des Révélations) ; mais cette Apocalypse est particulière en ce sens qu'elle a toujours à avoir avec une invasion (des Américains, bien évidemment). Le deuxième est l'Incertitude, la bipolarité. En cela, le nombre impressionnant d'ados en tant que héros n'est que le signe le plus évident.

J'espère vous avoir convaincu de la valeur de certaines de ces célèbres séries inconnues.
Maintenant, je vous laisse, bonne aspirine !

(c) Gendo Ikari

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