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Le Manga toujours aussi Space

par Shinji Ikari

Maintenant, je vais parler du Space Opera le plus populaire : Cobra. En effet, si Capitaine Flam est le plus connu qui n'a jamais zappé juste après le générique, rien que par habitude ? Non, Cobra est bien meilleur par bien des aspects. Celui qui saute littéralement aux yeux dès le départ est le traitement des personnages féminins.

Si dans La Bible qu'est Capitaine Flam, les femmes sont de " ravissantes idiotes " dont le héros (à la limite du puritanisme) ne sait guère apprécier les charmes, dans Cobra, elles deviennent plus importantes, plus fouillées et aussi... beaucoup plus canon ! Je ne vous rappellerai pas l'histoire des trois soeurs qui ont une carte au trésor tatouée dans le dos. Pour deux d'entre elles, le dessinateur ne s'est pas trop creusé la tête pour les habiller.

Alors oui, c'est vrai, c'est une série pour adolescents boutonneux qui veulent se rincer l'oeil. Mais ça ne s'arrête pas là. Cobra met en scène de formidables rôles féminins comme l'androïde qui lui sert d'épouse-soeur-mère. Elle aussi est une beauté fatale (à mon avis), et ses rapports avec notre pirate de héros sont plus que troubles.

Mais le personnage de Cobra lui-même est trouble. Outre son érotomanie chronique, il fume le cigare (quinze ans avant Monica), il boit et pratique des sports violents. Bref, il est aussi proche de son modèle Bébel (dans L'As des As) que le Capitaine Flam l'est de l'Abbé Pierre.

Que dire de la psycho-arme qu'il détient au bout du bras ? Que dans un épisode, elle est au bras droit et, au suivant, au gauche. Que son design par des biocybernéticiens en fait une arme phallique. Certes, tout cela est vrai. Mais bon, les intrigues sont toutes dignes d'intérêt, les super-méchants (dont Lord Necron est le digne représentant) sont plus que crédibles.

En fait Cobra est aussi la première série à dénoncer les sports violents. Par exemple, le Rudeball (un genre de course effrénée et sans merci) rappellera aux plus fidèles de mes lecteurs - s'il y en a encore - le MotorBall de Gunnm. Mais vous me dîtes soudainement : " Où est la politique ? " Je vous répondrai sans ambage, ni détour, sans tergiverser, ni minauder, elle est partout et nulle part ! D'un côté, Cobra est le pirate des pirates, de l'autre, il a été engagé par le Consortium Galactique pour réguler l'activité pirate. Avouez donc que le fait de placer Cobra dans la catégorie " le gouvernement vous aime " vous a étonné. Vous voilà rassurés.

Alors comment adapter Cobra ? Premièrement, plus de jolies filles dans l'espace. Ensuite, du bourrinage à plein pot : les stromtroopers, c'est pas fait pour les cyberchiens ! Enfin, des méchants qui ressemblent moins à Dark Vador et qui ont derrière eux une philosophie (je parle encore de Lord Necron). Mais surtout, je vous en supplie, du bon matos, quoi ! En dessous du fusil blaster lourd, on ne fait que picoter les vrais méchants.

Cette question du matériel m'amène naturellement à une autre série : Macross (en français Robotech). Et là, vous me dites que vous sauterez les prochaines lignes car le jeu existe.

Personnellement je ne trouve pas qu'un "Rolemaster-like" avec 20.000 tables de références ait le droit à l'appellation d'origine contrôlée : " bon jeu de rôle ". Le nombre de missiles à trajectoire semi-aléatoire que Rick Hunter, le héros, possède dans son Annihilator, n'est pas important. Non, mais de savoir s'il va se faire aimer par la chanteuse Min May, beaucoup plus. De plus, les extra-terrestres Microniens et Centradiens se sont vus dotés d'une réelle intelligence et c'est pour cela qu'ils ont pu être sauvés de la série.

Enfin, dans Robotech, la hiérarchie est omniprésente et la foule entourant le Commandant Gloval n'est pas sans rappeler mon équipe personnelle au central Dogma (dans Evangelion). Si dans Capitaine Flam nous pouvions nous plaindre du manque de combats spatiaux, avec Macross, nous avons le défaut inverse. Tant et si bien qu'on doute un peu de l'état où Robotech (le vaisseau-ville) finit.

Et c'est par ces aspects psychologiques, qui ne s'arrêtent pas sur l'hésitation à balancer des missiles qui détruiraient 20 fois la Terre, que la série a évolué. Les personnages sont plus fouillés, ont plus de défauts et donc sont plus comme vous et moi (surtout vous parce que moi...). Il arrive aux personnages de réfléchir avant de tirer ce qui n'est pas plus mal.

ATTENTION LES VOILAARGGHH !!!

Et puis il existe ces dessins animés qui se servent de l'espace comme nouvel environnement pour les mêmes histoires déjà ressassées. Vous savez, la sacrée " nouvelle façon de raconter d'anciennes histoires " ; vous voyez à quoi je pense ? Bien sûr que oui ! Vous avez un nom, un voyage, une voix en tête ; cette voix est celle de Jean Topar, le voyage est celui de l'Odysseus, le nom est Ulysses 31.

Ce voyage est interminable mais les épisodes sont si bien faits. La chasse du Comte Orlof, les Roses empoisonnées et surtout la voix de Zeus à chaque épisode. Le début, quoiqu'un peu long, est digne des meilleures épopées. Le truc un peu chiant, c'est qu'il faille attendre la fin pour que les " missions d'Ulysses " lui soient profitables.

Non, mais parlons-en de la fin. " Jusqu'au royaume d'Hadès vos corps resteront inertes ". Le passage chez Hadès fait montre d'une réelle transposition de l'univers orphique de la Grèce antique. Et la voix de Shirka, l'ordinateur de bord de l'Odysseus ?! Quel adolescent bien constitué n'a pas fantasmé sur elle ?

Vous l'aurez deviné, Ulysses 31 entre sans peine dans le Panthéon des bonnes séries à voir et à revoir. Bonne, certes mais pas parfaite : on pourrait lui reprocher la faible qualité de la bande son, la pauvreté de certains des personnages (Nono : un diminutif de Naunaud le petit robot Président Dictateur ?). D'un point de vue technologie, rien à reprocher, sauf que... ça sert à quoi un homme dans ces conditions ? Mon joujou favori est le sabre laser-blaster. Si seulement un perso Star wars ou autre en détenait un... il n'irait plus en aventure ! 
Quant à l'adaptabilité de cette série, elle est totale. Des petits scénars qui constituent une longue campagne, c'est Ulysses 31. En un mot comme en cent "Ulysse revieeeeent", et ne me dites pas qu'il y une quelconque trace de gouvernement dans l'Odysseus.

Maintenant, imaginez un instant votre plus beau rêve, un rêve qui réunirait le meilleur de Nephilim et le meilleur de Babylon Project. Non c'est trop beau, c'est trop beau c'est.... La Guerre des Planètes (Shadow Raiders).

Dès le début du premier épisode, on est subjugé : une planète se fait massacrer à coup de chasseurs interstellaires rouges et translucides. Une soucoupe transportant une femme de métal, la Princesse Tekla, s'échappe de la planète qui explose sous nos yeux. Bien sûr, la destruction de la planète d'une princesse vous rappelle quelque chose (la Princesse Leia et Aldérande). Mais cela se corse car, suite à un passage en hyperespace dont la destination n'était pas programmée, notre princesse atterrit sur une des 5 planètes d'un système qu'elle ne connaît pas.

C'est la Planète Glace et une guerre est en train de commencer entre le peuple de Glace (tout bleu) et les Rockaniens (à la peau de marbre et d'écorce). Très vite, nous apprenons qu'il y a une planète Feu, et une planète Os (dont les habitants ont une peau verte de grenouille). La cinquième vient d'arriver, c'est la planète Noire, la Planète Barbare. Vous aurez reconnu les 5 éléments de Nephilim.

Bien évidemment, aucune des 4 planètes ne veut s'allier à ses voisins pour combattre la Planète barbare. Cependant, un chef va émerger, un Rockanien. La diplomatie ira bon train pour cet ex-mineur à la Schwartzenegger qui est au courant de l'arrivée des barbares car il a écouté Tekla avant que celle-ci ne meurre de ses blessures. Le coté positif est que chaque planète possède sa civilisation, qui correspond à une période de l'Histoire humaine, d'où identification.

Les héros s'aperçoivent que chaque planète comporte un générateur propre et qu'ils peuvent " jouer " avec pour déjouer les plans de Lamproie (genre de méchante manipulatrice aux sombres desseins, style Ventrue et Lasombras). Ces quêtes sont à la fois épiques et diplomatiques, donnant aux personnages l'occasion d'étaler toute la richesse de leur caractère.

Bref, s'il y a une série qui mériterait d'être considérée comme aussi novatrice que l'avait été La Guerre des Etoiles dans son temps, ce serait la Guerre des Planètes. L'adaptabilité à n'importe situation de simulation est totale. Des séquences de combats spatiaux à grande échelle aux résolutions d'énigmes et d'intrigues politiques, tout y est.

Même des belles filles à la Lara Croft, car cette série est uniquement composée d'images numériques ce qui la rend d'un esthétisme parfait.

Pour en revenir à mon sujet de départ, les Space Opera et la politique, cette série est atypique. Tous les gouvernements n'y sont pas forcément corrompus mais ils ne sont pas la réponse aux problèmes d'où une originalité, une profondeur dans l'univers qui est ... sidérale… non, sidérante.

Bien. J'espère vous avoir donné une autre vision des dessins animés que vous regardiez quand vous étiez petits, que je regarde encore vu ma taille, et que vous êtes d'accord avec moi sur le Space Op' et leurs formes de gouvernements de gauche et de droite. Quant aux régimes inclassables qui abusent de leur pouvoir, où les persos n'ont jamais rien pour commencer, pas même une fiche décente, vous en connaissez déjà je parie. Que la force soit avec vous ! Ca y est, ça me reprend.

 (c) 2000 Shinji Ikari.

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