Page précédente ] Accueil ] Retour ] Page suivante ] JdR et Wargames 2 ]

Réflexions et débats


Jeux de Guerre et Jeux de Rôles : Faut-il choisir son camp ?

par Bertrand Carnat

L’ordre de bataille du wargamer 
articles paru dans Yggdrasill n°17 et 18

J’ai commencé à sévir sur les Jeux de Rôles en Janvier 1983 et sur les tables de Jeux de Guerre en Juin 1983. Comme les vieux vétérans, je me souviens de ce temps béni où les partenaires avec qui je tentais de dévaliser un couvent de moines (attention, ceux de la 1ère Edition d’AD&D !) étaient les mêmes qui souhaitaient s’emparer de ma bonne ville de Moscou avec leurs gros Corps Blindés remplis de surhommes hargneux !

De la naissance d’un débat commercial.

Actuellement, les adeptes du jeu de simulation se rangent entre partisans du jeux de guerre, jeux de plateaux, jeux de rôles, etc. …. Les uns ne supportent pas les autres et chacun ajoute sa petite phrase assassine censée clore un débat dont l’existence même me surprend régulièrement. Les " produits de l’imagination " (quelle marque affiche ce logo sur ses produits ?) sont devenus, aujourd’hui, des jeux édités dans un contexte beaucoup plus industriel qu’auparavant et l’opposition entre jeux de guerre et jeux de rôles tient plus du débat marketing que de choix intellectuels.
Ainsi, Casus Belli s’est formé un public grâce aux " wargames " avant de décider la suppression de ces articles pour des raisons commerciales : les vieux routards qui suivaient ce magazine depuis les premiers numéros n’ont eu que le temps de s’interroger sur cette décision avant de devoir mettre un costume noir pour l’enterrement de ce bon vieux " Caz Baise " !

Ce qui est vrai pour les magazines l’est tout autant pour les éditeurs de jeux ! Je trouve désagréable que les joueurs deviennent alors les otages malheureux des réussites commerciales ou des fiascos :

le tendre petit jeune qui a entendu parler de jeux " bizarres " achète Backstab, le voilà propulsé dans les hautes sphères du jeu de cartes (donc de fric la plupart du temps !) et des jeux de rôles mais rien sur les jeux de guerre. Quelques années plus tard, il dénigrera les gens bizarres qui jettent des dés à 6 faces en criant " Victoire ! Victoire ! ".

Le même achète Vae Victis et il entre dans une secte inquiétante où s’affrontent les partisans du " jeu facile qui dépasse pas une soirée sinon c’est pas cool passque il faudra revenir finir la partie et que j’avais prévu de partir skier pendant mes révisions de partiels " et ceux du " Ouah ! Il est nul ton jeu, y dure que 2 heures ! ".

Il sera déçu d’entendre un Meneur du Jeu lui demander comment jouer une bataille entre deux armées médiévales fantastiques sans tout décider de lui-même " parce qu’il n’y connaît rien à la façon de mener un combat de masse et que c’est pas marqué dans le supplément à 300,00 FRF (soit 45 Euros pour ceux qui ne savent déjà plus compter en Francs !) ".

De la complémentarité des sources.

Je considère toujours l’achat d’un jeu quel qu’il soit, selon plusieurs angles fort différents : son thème, son système et ses supports physiques. Si les deux premiers critères semblent évidents, le dernier peut surprendre surtout en sachant que je ne regarde pas forcément la qualité des supports mais bien leur capacité à être réutilisés d’autres façons. Une carte d’Europe peut, après quelques modifications, être copiée pour créer un nouveau monde tandis que des renseignements historiques peuvent compléter mes connaissances sur une époque quelconque.

Quelques connaissances historiques n’ont jamais gâché une partie de jeu de rôle mais peuvent apporter des " chromes " bien utiles comme la création d’un menu dans une auberge de campagne afin que nos personnages cessent de se repaître du Sandwich Grec Fantastique Médiéval : le fameux et inusable " Viande + légumes arrosés de bières et autres vins " ! Je peux aussi citer les " fameux " mais inexistants chevaliers gaulois du 4ème siècle chargeant les lignes hunniques ou plus courant, les barbares combattant tous jusqu’à la mort comme le demande l’honneur (ça vaut pour Conan et ses cimmériens mais en aucun cas pour les Gaulois, Francs, Wisigoths et autres barbares historiques).

J’ai déjà été consulté pour fournir un système de combat acceptable pour des rôlistes mais aucun d’eux n’a été capable de se rabattre sur des jeux de guerre existant et pas nécessairement onéreux ou compliqués ! Les campagnes comprenant des affrontements de masse se déroulent encore seulement dans la tête des meneurs, les joueurs se contentant de suivre les événements contés ou, pire, pratiquant un système mal agencé et bancal ! Si le mage du groupe ne peut que mieux s’en porter, le guerrier reste réduit au rôle d’écraseur de gobelins, orcs et Cie et son avenir de seigneur ou de chef de guerre ne sera pas développé alors qu’il constitue une partie importante de son " background " et de sa vie.

De nombreux jeux de guerre restent facilement paramétrables ou ouverts pour inclure des effets magiques ou cléricaux tout autant que des ruses mises sur pied par les joueurs eux-mêmes !

Quand le Rédac’Chef me proposa d’écrire quelques articles sur les jeux de guerre, il m’interpellait alors que, justement, je " montais " une campagne pour AD&D ( Skill & Power, Combat & Tactic et Spell & Magic ) grâce, justement, à mes petits trésors personnels. Je vous propose, pour la suite des articles, de vous présenter la démarche adoptée. Passer de l’histoire au fantastique n’est pas si difficile qu’il n’y paraît et peut éviter quelques énormités qui gâchent plus radicalement une campagne que la disparition d’un des personnages joueurs !

Comme disait l’Autre :
"  Du haut de ma pile de wargames, 40 siècles d’histoire vous renseignent ! "

Bertrand Carnat, éleveur de joueurs depuis 1983

Suite : JdR et wargames 2 (le retour des irréductibles gaulois) 

Page précédente ] Accueil ] Retour ] Page suivante ] JdR et Wargames 2 ]