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20 ans après - Campagne cape-et-épée sous la Fronde

Par Alfred Jensen et Rappar, avec l’aimable concours de Saladdin

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Épisode 3 (novembre 1649) - Le marquis amoureux

Présentation

Ce scénario est le troisième épisode d’une longue campagne se déroulant pendant la Fronde des Princes (1649-1652). Il est recommandé que le Maître de Jeu (MJ) jette un coup d'oeil à la présentation "rôliste" de cette période à la page http://bastion.free.fr/1650.htm.
 
A l'inverse des autres épisodes, vous pouvez jouer et faire jouer celui-ci indépendamment de la campagne. Il y a peu de rapports avec les épisodes précédents. Le scénar peut être joué en one-shot, avec toutes sortes de Personnages-Joueurs (PJ), moyennant la suppression de toutes les mentions de « Sainte-Rédemption » et de "Charlotte de Lègues". - je l'ai testé ainsi, et cela marche. Les PJ doivent juste être mazarinistes ou au moins plus proches du Dauphin ou de la Reine que de Condé.

Les personnages vont être amenés à enquêter sur la publication supposée de lettres intimes de la Reine et d'un amant. Ils devront éviter de navrer un enquêteur parallèle, et reconnaître une fausse piste. Enfin, après avoir découvert l'origine des fuites; ils devront s'introduire dans l'antre même d'un comploteur pour récupérer les documents compromettants.

Ce scénario demande du tact, de la diplomatie, pas mal d'enquête et de la prudence. Il est relativement ouvert aux initiatives des joueurs. Comme les Personnages-non-joueurs sont actifs et bavard, le MJ devra très attentivement lire ce qu'ils disent, afin de bien "jouer" les scènes auxquelles les PJ assistent.

« Précédemment »

Les personnages en gras sont développés dans le casting.

Notre PJ « star » (le vicomte de Bougival) et les autres PJ ont étés mêlés à un incident, « l’incident des Petits Maîtres », au cours duquel le « clan de Condé » a failli se battre contre le « clan de Beaufort »

Chronologie historique

  • 6 janvier 1649 : la Cour fuit Paris, laissant la ville aux mains des Frondeurs. Condé met le siège à Paris.

  • 1er avril : paix de Rueil. Les Frondeurs rendent Paris.

  • 18 août: retour de la Cour à Paris.

    Le marquis de Jarzé, un des membres du « clan Condé » courtise ostensiblement la Reine-régente Anne d’Autriche. La Reine et Mazarin conçoivent un plan pour ridiculiser Jarzé.

  • 26 novembre : la Reine se moque cruellement de Jarzé.

    Et maintenant, notre version (pas du tout historique) des faits :

Le complot de Condé

Tout commence le 18 juin, lors de l’incident des Petits Maîtres, au cours duquel le marquis de Jarzé provoque Beaufort et manque de se battre contre lui (voir épisode 2, acte 1). La Reine le reçoit discrètement pour le remercier d’avoir défendu l’honneur du Cardinal de Mazarin. Au cours de cet entretien, le marquis de Jarzé se méprend sur les chaleureuses paroles d'Anne d'Autriche, tombe amoureux de la Régente, se monte le bourrichon, et commence à lui écrire des lettres enflammées.

Jarzé fait part de ses sentiments à son ami le Prince de Condé.

Condé conforte Jarzé dans ses illusions amoureuses et l’assure de son soutien. Il contacte Mme de Beauvais, une des dames de compagnie de la Reine. Condé la convainc de se faire l’intermédiaire indispensable des courriers entre Jarzé et la Reine.

De juin à début septembre, la correspondance amoureuse est intense entre la Reine et Jarzé. Condé se fait donner par Jarzé, les lettres que ce dernier reçoit de la Reine.

La reine, habituée des intrigues, est très discrète et personne ne se doute de rien. Par contre, l’exubérance amoureuse de Jarzé ne connaît plus de bornes, et toute la cour se moque de lui. La Reine prend peur et cesse de lui écrire.

Dans le même temps, Condé se rend impopulaire à la cour. La Longueville lui conseille de prendre des distances. Condé ne voulant pas que l’on soupçonne son association avec Jarzé, se retire en Bourgogne avec les lettres.

Début septembre, Mme de Beauvais s’imagine que la Reine va détruire les lettres qu’elle a reçues de Jarzé. Elle les vole et les fait parvenir à Condé.

Le Prince de Condé a alors en sa possession de la totalité de la correspondance : d’une part les lettres de la Reine à Jarzé, données par Jarzé ; d’autre part les lettres de Jarzé à la Reine, obtenues par Mme de Beauvais. Le plan du Prince de Condé est de faire chanter la Reine, l’obliger à renvoyer Mazarin et de le nommer Premier Ministre à sa place. Il commence à nouer des contacts…

La Reine s’aperçoit du vol et charge Clair de Laffitte de récupérer ces lettres. Laffitte s’adjoint une force de frappe en la personne d’un mercenaire allemand, Hans.

Chronologie des événements pour les personnages-joueurs

Début novembre, Mazarin est au courant des bouffonneries de Jarzé, mais grâce à son réseau d’espions, il apprend l’existence de cette correspondance très compromettante. Il charge alors les PJ de récupérer les lettres.

Les PJ vont commencer par s’embarquer sur une fausse piste en soupçonnant Jarzé de vouloir imprimer les lettres. Les PJ croiseront le chemin de Clair de Laffitte, mais devront l’empêcher de tuer Gondi.

Ensuite, les PJ enquêteront à la cour cette fois, pour remonter jusqu’à Condé, et devront cambrioler le palais des Ducs de Bourgogne à Dijon…

Introduction : Ambiance

Le MJ informera les joueurs des dernières nouvelles:

  • La cour est revenue le 18 août à Paris, triomphalement. Les cris de Vive le roi ! étaient continuels

  • Beaufort, le seul des frondeurs à ne pas être revenu à la cour, est venu se présenter au roi. La Fronde est matée, enterrée, terminée. (arf !)

  • Peu de jours après, Mazarin s’est promené en carrosse à Paris, sans aucun incident (Les PJ qui connaissent les Écharpes Vertes en ont cependant reconnu lui faisant une escorte discrète)

  • Mazarin tente une réconciliation avec le « clan Beaufort » : le duc de Mercoeur (frère aîné de François de Beaufort) épousera une nièce du cardinal. En échange, César de Vendôme (le père du duc de Mercoeur) recevra une charge d'amiral.

  • Les succès du Prince de Condé lui ont monté à la tête, il est devenu d’une insupportable arrogance ; même ses meilleurs amis en ont assez. Son départ pour la Bourgogne dont il est gouverneur est un soulagement.

Acte 1- la fausse piste

Les actions de Jarzé

Jarzé fait le tour des imprimeurs parisiens, il veut imprimer un recueil de ses poésies, dans lesquelles il déclare sa flamme à la Reine à la face du monde, sous un travestissement assez transparent.

Les actions de Clair de Laffitte 

Laffitte sait, lui, qui est l’amant de la Reine (les PJ l’ignorent). Hans et lui suivent Jarzé à la trace à travers Paris. Il ne veut pas « l’abîmer » par respect pour la Reine et par crainte des répercussions à la Cour. Il pense pouvoir récupérer les lettres dés que Jarzé les aura donné à son imprimeur ou à son mécène secret. C’est un bon plan, mais Jarzé a donné ses lettres à Condé, tandis qu'il cherche un imprimeur pour ses poèmes…

Ainsi, Clair et Hans surviennent menacer les imprimeurs sur les pas du marquis, et passent à tabac les imprimeurs trop lents à comprendre.

Conseils de maîtrise Les PJ vont donc se retrouver en concurrence avec Clair de Laffitte sur ce qui est en fait une fausse piste. La chronologie exacte des actions de Clair de Laffitte n’a pas d’importance : quoi que fassent les PJ, Laffitte est passé avant eux quand le scénario le prévoit, et même si les PJ traînent, ils lui tomberont dessus juste à temps pour l’empêcher de tuer Gondi. Ensuite ils devront remonter la bonne piste et reprendre les lettres à Condé.

Les actions de Mazarin

Mazarin sait que la Reine a un amant, mais il est à cent lieues de s’imaginer que c'est un personnage aussi insignifiant que Jarzé. Il n’ose pas affronter la Reine pour lui demander qui est son amant; elle le prendrait mal, rirait, lui reprocherait son indiscrétion, et le traiter de jaloux. Il charge les PJ de retrouver les lettres. Cependant, sa machine d’espionnage travaille à en identifier l’auteur, et surveiller les imprimeurs connus…

Scène 1 : briefing

Les PJ sont convoqués par Mazarin au Palais-Royal, tard dans la nuit. C’est une simple question de discrétion, mais les PJ finissent par croire que ce diable d’homme ne dort jamais.

Mazarin informe les PJ que des lettres d’amour entre la Reine et un amant sont en circulation quelque part.
Ce sont bien sûr, explique-t-il, des « faux grossiers », mais répandues dans le peuple, elles entacheraient la réputation de la Reine et serviraient la propagande Frondeuse.

Il craint qu’un imprimeur frondeur fasse paraître les lettres en deux ou trois pamphlets pour leur donner le maximum d’impact.

Il insiste aussi sur le fait que son filleul (le Roi) n’est pas au courant de cette correspondance et ne doit pas être blessé par cette affaire. Cette affaire nécessite tact & discrétion. C’est pour cette raison qu’il a fait appel à nos héros…

Mazarin exige un rapport quotidien, en tête-à-tête ou avec un de ses lieutenants soit tard le soir soit tôt le lendemain matin. Il est capable d’envoyer les Écharpes Vertes à la recherche des PJ si ceux-ci ont plus de 12 heures de retard pour un de ces comptes-rendus.

Pour commencer leur enquête et s’informer, il leur suggère de prendre contact avec Théophraste Renaudot, célèbre imprimeur de la Gazette, qui relaye sa propagande.

Conseil de maîtrise : en jouant le briefing, le MJ devra insister sur la mine sévère, voire défaite, de Mazarin. Sur le ton autoritaire et définitif de ses ordres. En fait, le Cardinal est tout simplement fatigué, mais les joueurs s’imagineront que les lettres en question trahissent l’amour scandaleux de la Reine et Mazarin lui-même ! Si les joueurs ont la comprenette difficile, le MJ leur rappellera que le moindre torchon frondeur crie que la Reine et Mazarin sont amants.

En partie de test, les joueurs, connaisseurs du 17ème siècle, ont tout de suite compris que la correspondance entre la Reine et son amant, c'était une correspondance entre la Reine et... Mazarin. Ils en furent tellement convaincus que quand ils entendirent parler du "marquis", ils se dirent que c'était une ruse de l'éditeur qui utilisait ce pseudonyme pour leurrer Mazarin...

- Insister lourdement sur le côté « tact et discrétion » de ce scénar d’enquête, les joueurs ont vite tendance à l’oublier…

Enquêtes alternatives.

En partie de test, un des personnages s’est rendu chez des imprimeurs de la place et a fait de la provocation en leur proposant d'imprimer des trucs très compromettants...

Mais la police secrète surveille les dissidents frondeurs et "tombent" par hasard sur les PJ. Les PJ rencontreront alors des agents de Mazarin, des mousquetaires, venus appréhender ces trublions. On se retrouve alors dans une configuration bien connue : les PJ peuvent, à force de malentendus ou de rivalités, faire un petit combat non mortel contre « les gardes du Cardinal ». Si la rencontre dégénère, les PJ en seront quittes pour un savon, mais surtout parce qu’ils n’auront pas été discrets.

De plus, un PJ isolé parlant de publications anti-royalistes risque de se faire attaquer par Laffitte  et son reître : mais Laffitte essaye pour cette première rencontre de décourager le provocateur. La rencontre finale de Laffitte doit venir plus tard.

Scène 2 : Théophraste se cache.

Les PJ à la recherche de Renaudot trouvent porte de bois: soit Renaudot n’est pas là, soit personne ne semble savoir où il est, soit encore il ne peut recevoir personne.

C’est le moment de discuter avec des ouvriers imprimeurs. Il faudra être diplomate car ils se méfient, font corps face à la menace, mais deviennent plus bavards autour d’un verre ou d’une partie de cartes. On peut apprendre que Renaudot se cache ; il a pris peur car une bande de furieux s’en prend aux imprimeurs les uns après les autres, détruit le matériel et agresse les ouvriers.

Un secrétaire vend aux PJ le conseil suivant : se faire inviter à un dîner le soir même chez Scarron, où il sait que Renaudot est invité.

Toute personne religieuse non fanatique, intellectuelle, ou pas trop titrée, devrait pouvoir arriver à se faire inviter chez Scarron. On peut même faire de la place à des invités surprises du moment qu’ils apportent de l’esprit, de la bonne humeur et à boire - les vins de Champagne rouges sont très appréciés (le champagne mousseux ne sera inventé qu’en 1670).

Note de maîtrise : une partie des informations données par Renaudot peut être obtenue chez d'autres imprimeurs, donc ne pas s’inquiéter si les joueurs commencent une enquête parallèle. Les PJ peuvent apprendre en discutant avec des imprimeurs que le marquis qui précède le « fou dangereux » est le marquis de Jarzé.

Scène 3 : soirée avec les stars

Voici une scène uchronique, mettant ensemble des personnages historiques contemporains, mais qui n’ont pas dîné ensemble et/ou ne se trouvaient pas à Paris à cette époque. Il s’agit juste pour le MJ d’agiter « la légende des siècles ».

Deux options pour maîtriser la scène : 

  • Option Joueurs expérimentés :

Donnez la petite fiche sur chaque PNJ présent avec les notes sur son comportement, ses idées, son allure, et donnez la scène à jouer aux joueurs, qui arrêtent de jouer leurs persos le temps de mettre en scène les PNJ les plus marquants. Le MJ interprète les autres. Cela aura un effet bien plus amusant. A quatre joueurs, faites de La Fontaine un PNJ ; à trois joueurs, mettez en plus Bergerac en PNJ. Demandez au joueur de Renaudot de transmettre ses informations "naturellement". Dés que la conversation retombe, passez à la scène suivante.

  • Option Joueurs inexpérimentés

Les joueurs interprètent leurs personnages habituels, le MJ interprète tous les PNJ. Les joueurs peuvent participer bien sûr. Les joueurs peuvent profiter de leurs connaissances pour introduire des idées anachroniques, mais elles seront ignorées par l’Histoire ou tournées en dérision par les convives.

Les attitudes appréciées sont d’être drôle, impertinent vis à vis des puissants, moqueur, brillant…
Les attitudes réprouvées sont : être sérieux, triste, trop favorable à Mazarin ou aux Académiciens.

Les joueurs étant spectateurs, peuvent s’ennuyer - rien n'énerve autant un joueur que de rester passif ou inactif trop longtemps. Expédiez la scène en faisant donner les informations par Renaudot, les PJ profitant des conversations pour se faire bien voir. Le «j’aime beaucoup ce que vous faites» marche très bien. Ecouter patiemment la liste de ses déboires avec les Parlementaires et compatir, aide aussi à s’en faire un ami.

S’ils n’ont pas pu l’interroger à fond pendant la « soirée avec les stars », il leur donne rendez-vous le lendemain soir. Il les recevra alors malgré un grand mal au crâne. Voir plus loin les informations de Renaudot.

Scarron reçoit dans une petite pièce à l’étage. Les invités se serrent autour d’une petite table débordant de victuailles. Les chandeliers éclairent chichement les convives, mais les vins et la bonne chère coulent à flot, chaque invité de Province apportant des spécialités de chez lui. La soirée commence vers 10 heures et se termine à 3 heures du matin, idéalement avec un concours d’odes. Si vos joueurs sont partants, faites-leur écrire quelques sonnets. On réveille Renaudot qui s’était endormi, et tout le monde s’en va gavé, gorgé d’alcool et la tête enfiévrée par tant  de conversations brillantes.

Les présents 

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(option: joueurs expérimentés : photocopier les "portraits", les distribuer aux joueurs - )

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Paul Scarron (40 ans):

Ce que savent les autres : poète, connu pour être auteur de théâtre burlesque et romancier. Paralytique, son physique est dégradé, mais il pétille d’énergie et de réparties acides. (Note : il ne s’est pas encore marié avec la future Mme de Maintenon).

Personnalité : Drôle, il se déchaîne contre Mazarin et compose instantanément quelques mauvais sonnets.

Manie : Se plaint de la piètre qualité de la production littéraire contemporaine,  « ce siècle est celui de la mort de la littérature! », il voue à l’enfer Mazarin, son Académie Française, son maniérisme et ses règles, Racine, Voiture, et la douzaine de poètes et d’auteurs de théâtre qui vont « à la soupe ». Vante sa  parodie (« L’Enéide travestie ») et tous ces poètes qui requièrent tant de connaissances classiques.

Ses objectifs : être le plus brillant de la soirée. Vendre ses mauvais manuscrits à un éditeur.

Ce qu’il pense de :

Bergerac : un lourdaud, qui ne mérite pas d’être publié,
La Fontaine : un maniéré, qui ne mérite pas d’être publié, mais qui a de l’esprit
Pascal : un ennuyeux philosophe, qu’il a invité pour tourner en dérision.
Renaudot : un sinistre bourgeois, mais c’est un éditeur…

Blaise Pascal (27 ans).

Ce que savent les autres : Une sorte de Bill Gates prodige que rien ne peut arrêter (il parlait latin et grec à 9 ans…). 10 idées à la minute. Entrepreneur et publiciste. Brillant « Philosophe » au sens de l’époque, c’est à dire qu’il connaît la philosophie, la physique, l’astronomie et les maths.

Manie : Il n’aime pas trop la vie mondaine – il est plus mysticisme, et proche des communautés de Port-Royal ; fait les louanges du jansénisme (doctrine condamnée…). Parle aussi de ses expériences (1648) sur la pression atmosphérique, et rêve, puisque l’air a un poids, à des « plus légers que l’air »

Citation typique : « pourquoi Descartes est-il parti pour la Suède ? Nos esprits les plus brillants doivent-ils s’exiler ? Et que va-t-il raconter de sa rencontre avec la « scandaleuse » Reine Christine, qui essaye de faire rivaliser Stockholm avec Paris ? »

Objectif : il est là pour faire parler de son invention : la machine arithmétique (1645), qu'il vend 100 livres. Il est prêt à se compromettre avec des gens qu’il n’aime pas particulièrement pour en faire parler.

Ses relations avec les autres : il sait qu’il est un petit génie, le plus malin de tous les présents, et assommera de pensées ceux qui essaieraient de prouver le contraire. Toujours prompt à démonter les raisonnements non-scientifiques.

Ce qu’il pense de :

Scarron : un pénible impie, mais qui connaît pleins de gens.
La Fontaine : un poète très superficiel, mais bon latiniste
Renaudot : un éditeur qui voudra peut-être publier ses traités ?
Bergerac : un butor aux théories fumeuses.

Théophraste Renaudot (67 ans) :

Ce que savent les autres : un bonhomme usé et souffreteux. Editeur de la Gazette, qui publie des dépêches officielles, donc "la Voix de Mazarin". Lui aussi était bourré d’idées (il a inventé les petites annonces, le bureau de placement, le mont-de-piété), mais il a été ruiné par des Parlementaires jaloux.

Manie : pessimiste et déprimé au début de la soirée, il revient à la vie avec le haut niveau des débats et le bon vin.

Objectif : Que les autres s’intéressent à lui, et qu’il puisse trouver des oreilles compatissantes pour ses jérémiades. Noter tout ce qui se dira contre Mazarin, cela peut toujours servir.

Ce qu’il pense de :

Scarron : drôle et brillant. C’est grâce à lui que Paris est la lumière intellectuelle du monde.
La Fontaine : un poète plutôt doué, s’il n’avait pas tout copié sur les auteurs antiques.
Pascal : il vaut mieux se compromettre avec Scarron qu’avec un sympathisant janséniste !
Bergerac : un jeune écrivain bruyant mais avec quelque talent.

Les informations de Renaudot (à transmettre si bien amené sur le sujet)

Renaudot peut raconter que :

  • Un manchot est passé dans son imprimerie, le menaçant de mort s’il éditait des écrits d’un « marquis », mais sans dire lequel.

  • Ce forcené fait le tour des imprimeurs et se fait remettre toutes sortes d’épreuves et de manuscrits sous la menace de son épée et sous les rugissements incompréhensibles du reître allemand qui l’accompagne.

  • Aucun imprimeur officiel ne se risquerait à publier des Mazarinades après la mise au pas de l’hiver. De plus, tout le monde sait que Mazarin a des espions partout…

Aucune rumeur ne court sur la publication non autorisée de correspondance de (ou à) la Reine. Seules des imprimeries plus ou moins clandestines, appartenant aux parlementaires, pourraient se risquer à imprimer de tels brûlots. La petite imprimerie de Granger par exemple, est connue pour avoir édité des milliers de pamphlets et des discours du coadjuteur Gondi.

Savinien Cyrano de Bergerac (31 ans):

Ce que savent les autres : L’archétype du Gascon sans le sou. Ex-soldat, danseur et escrimeur, on lui attribue des exploits du genre "il aurait embroché 100 hommes", etc. Auteur de théâtre, écrivain fantastique, philosophe. Auteur de Mazarinades et de pamphlets contre les Frondeurs.

Manies : grand buveur et grand fumeur - mais végétarien.

Objectifs : expliquer pourquoi il est préférable d’être végétarien (discours sur la santé ou « pyramide alimentaire »). Il a commencé un brouillon de l’Histoire comique des Etats et Empire de la Lune. Il veut exposer sa manière d’aller dans la Lune (mettre la rosée en bouteille et s’élever avec elle, puisqu’elle est plus légère que l’air). Cyrano déteste la poésie « classique » et ses lois: « Vous imaginez-vous vos aventures se passant en un seul lieu, durant une seule journée, et avec une seule intrigue ? Ce serait mortellement ennuyeux ! ». « Et pourquoi séparer la comédie de la tragédie ? Mélangeons-les plutôt ! ».

Ce qu’il pense de :

Scarron : un rival au concours de bons mots.
La Fontaine : représentant du classicisme; un ennemi à enfoncer
Pascal : un triste dévôt. Chercher à se moquer de lui.
Renaudot : un éditeur, et donc une source potentielle d’argent…

Jean de la Fontaine (29 ans).

Ce que les autres savent : Traducteur latin-français, poète amateur. Il est marié et s’embourgeoise, alors qu’il menait jusqu’ici une vie dissolue.

Personnalité : Joyeux, perspicace, et beaucoup de répartie. Il n’est pas le dernier à descendre les bouteilles.

Manie : Connaît parfaitement ses lettres latines, et cite des extraits de poètes latins - en version originale.

Objectif : profiter d'une des rares occasions de s'amuser. Manger, boire, sa femme est loin! Faire l'éloge de la poésie classique. Se faire éditer. Organiser et gagner un concours de poésie (pour vanter l’hospitalité de l’hôte, dresser un portrait des personnes présentes, etc.)

Scène 4 : l’imprimerie clandestine de Granger

Localiser l'imprimerie est une occasion de mettre en avant un PJ ayant des contacts dans la pègre. Présentez "Hugues les bons tuyaux", un marin, métis martiniquais échoué en place de Grêve. Sinon, Mazarin connaît l'adresse et Renaudot connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui sait où elle se trouve...

Une petite imprimerie qui se cache derrière une tannerie du faubourg du Temple. Au milieu de cadavres d’animaux qui empestent, se trouve une ancienne grange qui abrite un pressoir à vin recyclé en presse. Les PJ trouvent les lieux ravagés : un combat vient de s’y tenir, trois ouvriers valides tentent d'éteindre un feu, deux blessés saignent et souffrent, etc.

Les ouvriers ne se font pas prier pour raconter ce qui vient d'arriver : un manchot avec une rapière (Clair de Laffitte) et un soldat Allemand ont débarqué. Le manchot a exigé qu’on lui remette tous les manuscrits. Les ouvriers ne se sont pas laissés faire, et l’Allemand en a pourfendu deux avant de mettre le feu à l’imprimerie. Le manchot n’est reparti que sur un malentendu, lorsqu’on lui a confessé que des pamphlets étaient gardés par Gondi, pour relecture avant publication. Le manchot criait en partant « Gondi ! Bien sûr, Gondi ! ». Les PJ vont-ils courir après Laffitte ou soigner les ouvriers d'abord?

Mais que se passe-t-il ? Laffitte ne s’est pas renseigné auprès de Renaudot, lui, et il est « pressé » parce que ses descentes chez les imprimeurs finiront par attirer l’attention de la Prévôté. Il saute sur la première hypothèse venue : Jarzé a remis les lettres à Gondi, qui va faire chanter la Reine pour faire renvoyer Mazarin et devenir Premier Ministre. Laffitte se met en planque du côté de l’archevêché et attend que Gondi sorte…

Actions des PJ : Normalement les joueurs ont compris que leur concurrent va envoyer le coadjuteur Gondi rencontrer son Créateur.

Si les PJ se disent qu’après tout la mort du chef des Parlementaires frondeurs est une bonne chose, le MJ devra faire passer le temps jusqu’à l’heure du rapport quotidien à Mazarin. Car Mazarin est contre le meurtre de Gondi : cela en ferait un martyr, et relancerait la Fronde parlementaire. Ce serait une catastrophe politique. Au contraire, Mazarin a besoin d’un Gondi vivant et d’un « parti » parlementaire fort contre les frondeurs nobles. Dernières « qualités » de Gondi : c’est un arriviste de première, susceptible d’être acheté par une proposition de mitre de cardinal.

Scène 5 : il faut sauver le coadjuteur Gondi

Attention, cette scène est un climax de l’acte, il faut la rendre difficile et dramatique. Les PJ luttent contre la montre, et courent d’un endroit à un autre. Stressez les joueurs, rappelez-leur que chaque obstacle leur fait perdre du temps, pendant lequel « le manchot » est peut-être en train de tuer Gondi.

Phase 1 : Les PJ arrivent à l'archevêché.

Pendant ce temps : Gondi a un rendez-vous romantique sur les tours de Notre-Dame avec une de ses galantes, Marie de Cossé-Brissac épouse du maréchal de la Meilleraye, grand maître de l’artillerie.

Lorsque le coadjuteur se rend à son rendez-vous, escorté de trois gardes du corps, Laffitte leur emboîte le pas. Arrivé à Notre-Dame, Gondi monte dans les tours. Ses gardes du corps restent dans la nef mais Laffitte réussit à passer par les galeries.

On entre à l'Archevêché comme dans un moulin; des tas de mutilés de guerre vont et qui viennent, et font la queue pour recevoir la charité de Vincent de Paul. Les PJ doivent se dire que Laffitte s'est introduit dans l'archevêché; ils devraient se rendre sans attendre aux appartements du coadjuteur.

Gondi craint beaucoup les maris jaloux & les assassins de Mazarin, et a donné des consignes très strictes à ses domestiques. Ceux-ci font barrage aux PJ, mentent effrontément; d’après eux, le coadjuteur est en prière et ne peut recevoir personne.

Il faut les convaincre, les menacer ou les suivre. Au besoin, faites passer opportunément l’archevêque de Paris Jean-François de Gondi (oncle du précédent). Il s'inquiète pour son neveu, croira les PJ, et ordonnera aux domestiques de parler.

Phase 2 : les PJ se précipitent à Notre-Dame.

Cette fois, ils doivent convaincre les trois gardes du corps en bas des escaliers de les laisser passer. En partie de test, les PJ ont fait le coup de poing pour passer.

Pendant ce temps : sur le toit de Notre-Dame, dos à la tour nord, la vue est magnifique sur Paris, éclairé par le soleil couchant d’une magnifique et fraîche journée d’automne. Mme la Maréchale, une belle femme d’une trentaine d’années, a le vertige et se serre contre Gondi, qui la baratine. Clair de Laffitte surgit de l’ombre des tours et met l’épée sur la gorge du coadjuteur. La Maréchale crie, il lui donne un coup dans le ventre.

Phase 3 : les PJ arrivent sur les toits.

Guidés par les cris des protagonistes, les PJ arrivent au moment où Laffitte rudoye Gondi pour lui faire dire où sont les lettres. Gondi n’en sait évidemment rien (c’est une fausse piste, rappelez-vous !). Laffitte pousse Gondi sur la rambarde, le coadjuteur manque tomber dans le vide et panique complètement !

Les gardes du corps de Gondi déboulent sur les pas des PJ. Ils voient leur employeur en danger et veulent faire un sort à Laffitte  .

Option diplomatique: Si les PJ se présentent, argumentent bien, s’expliquent correctement et apaisent à la fois Laffitte et les gardes du corps, il peut très bien ne pas y avoir de combat. Laffitte n’est pas étonné que des agents du Cardinal soient au courant des lettres. Il reconnaîtra avoir agressé les imprimeurs. Il sera prêt à collaborer avec les PJ; comme eux, il veut retirer les lettres de la circulation. Il aura plus de mal à admettre qu'il se trompe de cible et que Gondi ne les a pas en sa possession.

  • Option guerrière : la négociation n’aboutit pas ? La politique continue par d’autres moyens.

Le combat avec Laffitte doit être dramatique.
Ce vieux soldat a connu cinquante duels et il possède la botte florentine. (http://bastion.free.fr/bottes2.htm)

Le balcon est étroit, on ne peut le combattre qu’à un de front (mais on peut faire le tour et le prendre à revers).

Laffitte n’hésitera pas à prendre Gondi en otage (et même le blesser pour montrer sa détermination). Malgré son bras en moins, Laffitte peut tenter de faire basculer un adversaire par-dessus la balustrade.

Quant à Mme de la Meilleraye, elle a l’art de se placer au mauvais endroit au mauvais moment : gare à ne pas la blesser par erreur.

Le combat se déplace sur les toits de Notre Dame, au milieu des gargouilles et des arcs-boutants. Là, plus de balustrades, et des possibilités accrues de chutes. Le MJ pourra placer une scène où un PJ s’accroche à une gargouille, se balançant dans le vide.

Les chutes sont spectaculaires, et mortelles.
Gondi ne doit pas mourir. On en a besoin plus loin dans la campagne, et l’Histoire aussi…
Laffitte peut très bien être tué, ou s’écraser au sol comme une tomate mûre.

Ironiquement, les PJ doivent sauver la vie de Gondi, un adversaire déclaré. Et ceci, au risque de tuer Laffitte, qui est en fait dans le même camp qu'eux. Bienvenue dans la politique.

Interroger Gondi :

Les PJ peuvent remarquer qu’il a une chevalière en or de la Sainte-Rédemption (automatiquement si un joueur mentionne qu’il observe les doigts du coadjuteur, sinon test de perception/remarquer détail/etc..)

Gondi est temporairement en état de choc. C’est le bon moment pour l’interroger.

  • Sur les lettres de la Reine : Il jurera devant Dieu qu’il n’a jamais entendu parler de quoi que ce soit qui y ressemble, et il est digne de foi.
  • Sur la chevalière en or : Gondi panique et raconte n’importe quoi.

  • Sur la Sainte-Rédemption, et en montrant la chevalière de Bougival : Gondi se ressaisit et offre sa reconnaissance à son « confrère ». Bougival s’est fait un allié. Gondi pourra éventuellement donner alors quelques informations sur la Sainte-Rédemption, mais en profitera pour réclamer les mémoires (voir épisode 2)

  • Au bout de quelques questions, Gondi reprend son sang froid, et menace, si on ne le laisse pas tranquille, de faire savoir à toute la France que Mazarin a tenté de l’assassiner.

Scène 6 ou n’importe quand: Rencontrer Jarzé.

A cet acte-ci où le suivant, les PJ voudront peut-être aller interroger Jarzé. MJ, vous devez l’interpréter comme le comique de service. Romantique, naïf, abruti & inspiré par sa vaine passion, il se fait des châteaux en Espagne, et ne peut voir à quel point il paraît  ridicule. Il n’y a pas grand-chose à en tirer : Jarzé est aveuglé par son amour. 

  • Si les PJ ont l’air de vouloir contrecarrer ses projets amoureux, Il les provoque en duel. Duel à éviter, parce que n’importe quel politicien comprendrait que le détenteur des lettres se servirait de la mort de Jarzé contre Mazarin. Le MJ se fera un plaisir de citer quelques accusations possibles : « Mazarin tue l’amant de la Reine pour éviter le scandale ! » ou pire : « Mazarin, jaloux, fait liquider son rival par ses sbires! »

  • Si les PJ lui parlent gentiment, il leur ouvre son cœur. D’autant plus s'ils ont fait partie de la même bande, les « Petits-Maîtres » (cf. Épisode 2).

    • Il ne se rend compte de rien, et ne met pas en doute l’amour de la Reine, qui lui a d’ailleurs répondu par des lettres passionnées.

    • Il refuse de rendre les lettres de la Reine :« un présent de ma bien aimée, je le garde sur mon cœur». De toutes façon il ne les a plus, « elles sont en lieu sûr, à l’abri des jaloux ».

    • Il ne « balancera » pas Condé, qu’il considère comme son ami et bienfaiteur. Voulant partager son bonheur quand même, il fera une allusion hermétique à « un ange, un cupidon qui a parrainé cette merveilleuse aventure » (vous voyez le genre de discours…)

    • Il est passé chez les imprimeurs pour faire éditer les poèmes dédiés à sa dulcinée. D’ailleurs il peut montrer les originaux… Les allusions à la Reine sont transparentes ("déflorer la fleur d'Espagne") Il ne comprend pas pourquoi, mais les imprimeurs se sont tous rétractés, et pourtant il offre beaucoup

Ajustement des point d’expérience de l’acte 1

Quelques indications pour vous permettre de considérer les actions des PJ.

Briller en société : +10%
Mme de la Meilleraye morte : -50% (cela va faire scandale)
Mme de la Meilleraye blessée : -10% à -40% selon la gravité de la blessure.
Laffitte mort : -30% (moins que la Meilleraye ? Ben oui « il ne faisait que son devoir »)
Laffitte blessé : -5 à -20% selon la gravité de la blessure.
Gondi blessé : -30% (il criera que des Mazarinistes ont tenté de l’assassiner)
Aucun combat pendant l’aventure : +100%
Pas de combat sur le toit de Notre-Dame : +66%

Acte 2 - la bonne piste

Scène 1 : Débriefing, nouvelle mission

Retour chez le Cardinal pour rapporter l’échec de cette piste.

La Reine est présente, avec Laffitte s’il est toujours vivant. Elle reconnaît avoir commandité Laffitte. Elle raconte comment et pourquoi elle s'est laissé entraîner dans une relation amoureuse, platonique et romantique avec Jarzé. (voir Casting pour saisir l'état d'esprit d'Anne d'Autriche). Maintenant, elle remet sa réputation dans les mains des « hommes du Cardinal » : les PJ.

En parties de test, les joueurs se sont exclamés : "mais alors, ces lettres ne sont pas des faux? Et ce n'est pas Mazarin le destinataire?"

Mazarin semble tout aussi étonné d'apprendre jusqu'où est allé la relation Reine-Jarzé. Voilà ce qui arrive quand on est trop occupé ailleurs…

La Reine explique qu’elle souffre du mépris de Condé, et du harcèlement de Jarzé. Jarzé ne cache plus son adoration pour la Reine. Partout où elle va, il est sur son chemin, faisant le beau et poussant des soupirs et des petits cris. Elle a interdit toute relation avec lui, ou même toute mention de son nom, rien n’y fait ; il revient à la charge.

Cette affaire fait la risée de la Cour ; pour l’instant c’est Jarzé dont on se moque, mais si on apprend que la Reine a correspondu avec lui, elle n’aura plus qu’à se retirer à la campagne.
Elle ne dort plus ; elle soupire la nuit, et pleure même.

Le Cardinal demande aux PJ, maintenant qu’ils connaissent la vérité, de trouver qui a volé les lettres chez la Reine. Il pense aussi que quelqu’un manipule Jarzé, et veut savoir qui. Toutes les lettres (celles de la Reine à Jarzé, et celles de Jarzé à la Reine) doivent être retrouvées et détruites. Le tout avec la plus grande discrétion, sans que Louis ni aucun noble n’en entende parler.

En partant, les PJ peuvent voir Mazarin prendre la Reine dans ses bras et la réconforter tendrement, en la couvrant de baisers. On dirait qu’ils se sont réconciliés.

Scène 2 : enquête au Louvre

Les PJ sont prêtés aux unités de Gardes du Corps de la Reine. Laffitte peut leur faciliter leur insertion, sinon ils font face à l’hostilité des « anciens ».

Deux postes et deux approches sont proposés.

- Garde du corps dehors : les PJ gardent leurs épées et leurs bottes, et restent dehors en uniforme à garder les bâtiments. Au cours de bavardages avec leurs frères d’armes, ils apprennent que les bâtiments sont bien protégés (excluant la possibilité d’entrer dans les appartements de la Reine pour quelqu’un qui n’est pas dans la place). Comme ils prennent note des allées et venues, ils savent aussi quelles dames circulent beaucoup hors du palais, et quelles dames restent et habitent sur place.

- Garde du corps dedans : les PJ sont vêtus d’une livrée spéciale, mettent des souliers précieux fort inconfortables, et laissent leurs armes au vestiaire. Les PJ sont environnés de femmes : domestiques, femmes de chambres, dames de compagnie, etc. Dans un tel gynécée, s’ils sont aimables, attentionnés et font bonne impression, ils croulent sous les bavardages et les ragots. Les PJ peuvent même commencer à nouer des intrigues amoureuses.

Quoi qu’il en soit, une femme devient rapidement suspecte n°1: Mme de Beauvais, première femme de chambre de la Reine.

- Elle est très amie avec la Reine et a donc accès à ses appartements jour et nuit.
- Personne ne pouvait être plus au courant qu’elle de l’existence des lettres, puisqu’elle était la messagère entre Jarzé et la Reine.
- Son attitude est suspecte ; elle a l’air inquiète, jette des coups d’œil partout en craignant quelque attaque en traître, est distraite, sursaute …

  • Si les PJ prennent Mme de Beauvais en filature, ils la voient rencontrer Jarzé malgré l’interdiction. La rencontre tourne au dialogue de sourds : Jarzé veut faire transmettre d’autres lettres à la Reine ; Mme de Beauvais veut que Jarzé brûle les lettres en sa possession. Aucun des deux ne veut reconnaître qu’il a donné sa partie de la correspondance à Condé.

  • Si les PJ interrogent Mme de Beauvais, et lui présentent leurs soupçons ou s’ils la brutalisent un peu: elle s’effondre en pleurs et avoue avoir volé les lettres écrite par Jarzé, et les avoir remises à Condé.

Comme Jarzé appartient au « clan Condé », il n’est pas difficile, pour les joueurs qui ne l’avaient pas encore deviné, de déduire que Condé possède l’autre partie de la correspondance, les lettres écrites par la Reine.

 S’il faut mettre les points sur les i, l’attitude impériale de Condé, qui se considère déjà Premier ministre, ne laisse pas de doute. Condé laisse échapper qu’il a en sa possession « l’arme ultime » pour en finir avec « l’illustrissime signor Faquin » (Mazarin). Si les PJ n’entendent pas cela eux-mêmes, des courtisans ou des agents de Mazarin leur rapportent.

Mais où Condé cache-t-il les lettres ? Condé a passé son temps en Bourgogne, il les garde sous la main, dans le palais ducal, à Dijon. Si les PJ hésitent à partir, un contact de Mazarin de retour de Bourgogne confirme que Condé garde précieusement des documents dans ses appartements au palais du Gouverneur.

Pour ne pas faire voir à Condé que son plan est découvert, Mazarin demande à Mme de Beauvais de rester aux côtés de la Reine.

Jugeant que les « écharpes vertes » manquent de finesse et de discrétion, et désireux de mettre le moins de monde au courant, c’est les PJ que Mazarin envoie cambrioler Condé… Quelques Echarpes vertes seront déployées en couverture (voir Organisations).

Bien entendu, « si vous étiez capturés ou tués, le Cardinal nierait avoir eu connaissance de vos agissements »

Acte 3 : Cambriolage chez Condé

Conseils de maîtrise : cet acte est le paroxysme de l'épisode. Il y a trop d'actions différentes possibles de la part des joueurs pour tout prévoir. Voici les recettes utilisées ici pour installer le suspens :

Avant l'action: 

- Faire cogiter les joueurs sur leurs plans et leurs consignes de sécurité est le premier élément de suspens : quels dangers sont possibles ? Le plan marchera-t-il ? N’a-t-on rien oublié ? Qu’est-ce qui peut mal tourner ?

- Les faire penser au trajet de retour, à se constituer une planque, des chevaux de rechange, etc. Si les joueurs n’y ont pas pensé, le MJ ne doit pas hésiter à leur suggérer: soit les joueurs étaient novices, ils apprendront ; soit ils étaient bourrins, ils le seront moins. Pour éviter les plans les plus bêtes, le MJ via Mazarin demande aux PJ de lui soumettre leur plan.

- Mazarin a un agent dans la place : un domestique nommé Bruno, mais il est peu fiable.

Pendant l'action:

- Rappeler sans cesse que les PJ ne doivent pas être découverts. Puis faire advenir plusieurs occasions de les faire découvrir, telles que : contrôle des papiers, rencontre d’une personne qui les connaît, un domestique se pointe au moment où les PJ font quelque chose d’illégal, etc.

- Empirer la situation : au début tout va bien, puis quelque chose se met à clocher, puis le plan foire complètement, et cela finit par un combat désespéré.

- Finir par une poursuite.

- choisir une ou plusieurs des complications

- Introduire un traître (voir Option danger maximum)

Scène 1 : le voyage aller

Paris-Dijon : 320 kilomètres. Comme l’opération doit être discrète, pas question de passer par les relais de poste. Les PJ voyagent nuit et jour par les petites routes, avec les Echarpes Vertes.

Nous sommes en novembre et les nuits sont glaciales. C’est un voyage harassant, mais sans histoires. La traversée de la frontière des états de Bourgogne se fait de nuit, à travers la forêt.

Enfin, on peut voir les remparts de Dijon, capitale de la Province de Bourgogne, frontalière de la Lorraine indépendante. La moitié des Echarpes Vertes propose de rester hors de la ville. L’autre moitié rentre par des portes différentes, en petits groupes.

Scène 2 : Le palais ducal / palais du gouverneur

Avant sa reconstruction par Mansart et ses successeurs à partir de 1681, l'hôtel des ducs n'est qu'un amalgame de bâtiments. Il y a deux tribunaux souverains, et la résidence des gouverneurs de Bourgogne. Le logis principal a été construit en 1366, modifié et agrandi en 1455 par Philippe le Bon avec des appartements, salles de réception et dépendances dont les imposantes cuisines ducales et une haute tour très imposante. Bref, c’est une demeure médiévale aménagée, labyrinthique, le tout entouré de tours.

Le Palais ducal de la main même de Condé (1639) Remarquez  la tour de Philippe le Bon (1455) et les murailles.

Les descriptions du palais ducal donnés ci-dessous sont imaginaires. Elles serviront à estimer les chances que le plan des PJ fonctionne.

Rentrer dans le palais doit être une petite épreuve. Passer en force est une aberration, jouer au ninja n’est pas très malin, et il faut éviter de tuer des soldats. Reste la ruse. En fonction de vos joueurs, introduisez une ou plusieurs des complications proposées. Retenez que l'entrée dans le palais doit être facile; c'est la sortie qui doit être périlleuse!

Un peu d’observation permettra de constater que du monde circule : outre les soldats, de nombreux fonctionnaires y travaillent, des serviteurs font les allées et venues d’un bâtiment à l’autre, et des dizaines de visiteurs y font la queue chaque jour pour des requêtes et des démarches administratives.

Complications : 

  • il faut une convocation ou une invitation pour entrer (au tribunal, à la cour,…) et les gardes à la porte contrôlent les papiers,
  • les gardes dévisagent les visiteurs d’un air soupçonneux,
  • il est évidemment hors de question qu’un PJ rentre avec une arme non-dissimulée s’il n’est pas un noble français au nom prestigieux.
  • (option danger maximum) une des Echarpes Vertes manque à l'appel. Cela devrait renforcer la paranoïa des joueurs...

Bonus : si les PJ ont pensé à demander des vrais-faux papiers à Mazarin, c’est beaucoup plus facile.

Une fois dans le palais, se déplacer discrètement doit être une épreuve délicate. De nombreux gardes et serviteurs parcourent les couloirs.

Complications :

  • Des domestiques conduisent les PJ à leur destination ; les gens de passage dans les bâtiments ne sont jamais laissés à eux-mêmes.
  • Les PJ ne savent pas où sont les appartements du Prince dans ce labyrinthe. Evidemment il suffirait d’aller tout droit, de prendre les plus grands escaliers, et les couloirs les plus décorés, mais ce n’est pas discret du tout.
  • Si les PJ ne sont pas déguisés et se trouvent seuls dans un endroit où ils ne sont pas censés être, ils rencontrent quelqu’un qui leur demande ce qu’ils font là.
  • Si les PJ font du grabuge, l’alarme est donnée.

Bonus : les PJ peuvent risquer de contacter Bruno, l'agent de Mazarin. C'est un serviteur casse-cou et tellement excité qu’il en serait presque dangereux. Heureusement il connaît le palais par cœur.

Scène 3 : les appartements du Prince

D'une manière ou une autre, nos héros sont au cœur du camp de Condé… Sortir avec les lettres des appartements doit être le moment héroïque de l'acte!

Les grands appartements du gouverneur sont au deuxième étage et donnent sur la cour.
Les appartements de Monsieur le Prince, en partant du palier : antichambre, salon, chambre, chaque pièce faisant 100 m².
Les appartements de Madame la Princesse, en partant du palier : salon, boudoir, chambre, chaque pièce légèrement plus petite que sa contrepartie.

En militaire habitué aux campagnes, Condé ne s’est pas encombré de meubles, ni de bibelots, ni de paperasses. La correspondance Jarzé-Reine est dans la chambre de Condé, dans un secrétaire qui sert de table de nuit, mais dans un tiroir secret. Il y a pour deux kilos de lettres roulées en tube et maintenues par un ruban.

Si les joueurs ne pensent pas tous seuls à chercher un tiroir secret, soyez gentils, truquez les dés pour leur faire réussir automatiquement : les secrétaires Louis XIII sont plutôt rustiques, et l’existence d’un tiroir secret n’est pas dure à deviner. Et puis les PJ n’ont droit qu’à une tentative.

Complications

Il y a des sentinelles en faction devant les grands appartements du gouverneur.

variante : le jour, les appartements sont pleins de domestiques, de secrétaires, etc.

Quand ni Condé ni les domestiques ne sont dans sa chambre, elle est fermée à clef. Crochetage, ou les portes sont peu épaisses.

Un des membres du « clan Condé », par exemple le baron de Matha, faisant partie des « Petits Maîtres », reconnaît un PJ qui en faisait aussi partie, et est très surpris de le retrouver ici.

Option complications minimales

En partie de test, les joueurs ont eu peur de se faire reconnaître par le puissant Condé, et de se faire un ennemi mortel, à raison. Facilitez le cambriolage aux joueurs: le Prince organise un grand bal masqué. Il y a du monde, de l'agitation, personne n'est reconnu. Bien entendu, les appartements sont interdits aux invités; il y a des salles de réception pour cela. Mais il est toujours possible de bluffer les gardes.

Option danger maximum

(cette option est compatible avec la première, dans la mesure où les PJ sont masqués)

Laissez les PJ trouver les lettres et savourer leur réussite. Soudain une porte donnant sur les vestiaires s’ouvre à la volée, et Condé surgit avec douze hommes d’armes. Un de ceux-ci, cavalier avec une écharpe verte, pointe le doigt vers les PJ en glapissant : « C’est eux, Monsieur le Prince ! C’est eux que l’Italien a envoyé vous tuer ! » (effet garanti)

Mais que se passe-t-il ? Une des Écharpes Vertes de Mazarin est un traître, ou plutôt un sincère admirateur de Condé pour ses exploits militaires. Lorsque les Écharpes Vertes ont été envoyées discrètement en Bourgogne, le traître a imaginé que c’était dans le but d’assassiner son gouverneur. Arrivé à Dijon, il déserte (soyez juste, prévenez les PJ qu'il manque un homme à l'appel) et va tout raconter à la garde. Condé décide de laisser les PJ rentrer, de les épier pour voir ce qu’ils veulent, et de les prendre la main dans le sac. « Des assassins envoyés par Mazarin ? Cette fois tu as commis ta dernière erreur, l’Italien !. »

Au cas où les PJ rencontrerait Condé

Les PJ ont intérêt à être masqués, sinon ils seront reconnus et deviendront les ennemis du chef d’un des clans les plus puissants de France…

Trop chevaleresque, surtout s’il reconnaît un noble parmi les cambrioleurs, Condé s’attend tout simplement à ce que les PJ se rendent et lui remettent leurs armes. De plus, Condé est impatient de savoir: avant même d’arrêter et de désarmer les intrus, il s'approche pour les bousculer, les presser de questions et de menaces. C'est Mazarin qui les envoie ? Que savent-ils? Quelle est leur mission? Sont-ils prêts à témoigner contre Mazarin? Attention, il peut très bien les passer par les armes comme espions si telle est sa fantaisie,  "Misérables Égorgeurs"!

Les PJ peuvent profiter de cette trop grande confiance en soi pour créer de la confusion et fuir. 

Scène 4 : ressortir du palais

Attention, cette phase doit être menée tambour battant, avec le minimum de descriptions et de jets de dés. Appliquez toutes les scènes traditionnelles des films de cape et d’épée : tourbillons d’escrime, balancement au chandelier, tapis, etc.

Complications

L’alarme est donnée. Les bâtiments résonnent de cris. Ou alors un domestique passe par là et donne l’alarme.

Les soldats armées de pistolets qui accompagnent Condé font feu sur les PJ, mais comme ils sont à l’étroit et se bousculent les uns les autres, il y a plus de bruit et de fumée que de dégâts. 

Les couloirs sont trop pleins de monde. Le seul moyen de s’échapper est de passer à travers la fenêtre. Il y a un balcon juste en dessous. Saut de 3 mètres. Une fois sur le balcon, il faut dés-escalader encore 3 mètres pour aller dans la cour, ou bien se mettre à courir sur les toits (pentus, glissants).

Un des PJ doit couvrir la retraite des autres en se battant seul contre six épéistes.

Une fois dans la cour, les PJ voient converger vers eux des quantités de soldats. Les PJ doivent s’emparer de chevaux de braves bourgeois, puis les éperonner pour passer à toute vitesse entre les gardes.

 

 
Palais des ducs – escalier de Bellegarde (17ème siècle) et tour neuve (14ème siècle) ou tour de Bar (René d’Anjou y fut enfermé – peut-être vos PJ aussi…)

Règles pour sauter à travers la fenêtre (pour GURPS, Basic, etc.)

Test d’acrobatie.

- Réussite totale : le sauteur atterrit sur le balcon en-dessous, sur ses pieds, et sans égratignures. Bien joué !

- Réussite normale : 1d6-3 dommages par les coupures de verre. Atterrissage comme ci-dessus. Considérez que le PJ se protège automatiquement le visage.

- Échec normal : le sauteur prend 1d6-3 dommages par les coupures de verre et tombe sur le balcon trois mètres plus bas, pour 1d6 dommages supplémentaires.

- Échec total : comme un échec normal et en plus perte de ce qui était tenu dans les mains, et le sauteur est sonné. Ou bien le sauteur part avec l’encadrement de la fenêtre (1d6-1 dommages de coupures en plus). Ou bien il rate complètement la fenêtre et se précipite sur le mur.

 

Bonus : une fois de plus, un peu de préparation aura donné plein d’avantages aux PJ, qui ont intérêt à avoir fait le plein de produits du laboratoire de Da Fiume (voir Épisode 1 scène 1): feu grégeois (grenades artisanales), bombe (tonnelet plein de poudre avec mèche au phosphore), clous, etc.

Scène 5 : poursuite dans Dijon et retour

Le MJ décrira et bruitera la poursuite effrénée à cheval, dans les rues étroites et tournantes sinueuses

Complications

  • des étalages gênent la cavalcade

  • une charrette bloque la rue : sauter par-dessus (équitation) ou descendre la pousser.

  • des enfants jouent au milieu de la rue, ou des vieilles femmes traversent.

  • les portes de la ville sont fermées, soit parce que c’est la nuit, soit dés que l’alarme a été donnée. Il faut forcer les gardes à les rouvrir. etc.

Bonus : Si les PJ ont réfléchi au trajet de retour, ils ont divisé les Echarpes Vertes en petits groupes pour couvrir leur fuite, et bloquer les poursuivants. Renverser une charrette dans une rue étroite est une méthode traditionnelle, mais efficace. Les PJ auraient aussi été bien avisés de placer un autre groupe près d’une porte de la ville, qui pourrait l’ouvrir aux PJ à n’importe quelle heure.

Complications

  • Quelques coups de canons sont tirés depuis les murailles sur les fuyards, les boulets éclatent non loin des PJ, et tuent un des Echarpes Vertes. 

  • Des cavaliers sortent de Dijon et engagent la poursuite.

Bonus : C’est tellement élémentaire d'avoir prévu un endroit où changer de chevaux à l’époque, que le MJ considérera que les personnages y ont pensé si les joueurs n'ont pas fait leur plan avec le MJ.

Une fois que les PJ ont changé de chevaux, les poursuivants ne peuvent qu’abandonner la chasse...

Le retour est beaucoup plus lent qu’à l’aller. Les PJ sont accompagnés d’une dizaine d’Écharpes Vertes, les autres évoluant autour comme des « enfants perdus ». Il faut contourner les routes et les villages, se cacher, guetter des embuscades et faire des détours. Ce n’est qu’au deux-tiers du voyage retour que les PJ rejoignent des unités royales fidèles à Mazarin et peuvent reprendre les grandes routes.

Epilogue :  De retour à la Cour

Si les PJ n’ont pas déjà détruit les correspondances, Mazarin s’empresse de le faire.

Si les PJ ont pris d’autres papiers dans le secrétaire de Condé, ceux-ci se révèlent être des correspondances de Condé avec les gouverneurs nobles des provinces françaises. Il souhaite, de manière à peine déguisée, s’assurer de leur soutien lorsqu’il renversera Mazarin. Le Cardinal contemple avec satisfaction ces preuves, puis assure les PJ que la menace de les utiliser contre Condé dissuadera celui-ci de faire des représailles contre les PJ. "Si Monsieur le Prince lève lé petit doigt, je lui passe les fers!" s'esclaffe Mazarin.

Mazarin demande aux PJ de rester à la cour pour assister à sa vengeance: il leur déclare « vous allez voir messieurs, si j’aurais pu faire homme de théâtre. Attendez deux ou trois jours, vous jugerez de ma petite pièce. A la comedia del arte, je préfère l’arte de la comedia ».

  • Mardi 23 novembre : le matin, Mme de Beauvais coiffe la Reine. A midi, un secrétaire vient lui demander de se retirer à Gentilly.
  • mercredi 24 novembre, les meubles de l'appartement de la dame de Beauvais sont enlevés. Les rumeurs vont bon train.
  • vendredi 26 novembre 1649, la Reine, de retour de la messe, croise le marquis de Jarzé.

Jarzé est peigné, poudré et vêtu à son avantage, d’un calme apparent malgré le départ de Mme de Beauvais. Il marche devant la Reine, se tourne vers elle régulièrement, l’attend, et se met en haie, pour être vu de plus près d'elle à son passage. Il la suit dans la chambre du lit et plus loin dans la chambre du miroir, où la Reine se coiffe ordinairement. Il y a toujours autant de courtisans présents.

La Reine lui fait signe d’approcher et lui dit tout haut d’un ton méprisant: « Vraiment, monsieur de Jarzé, vous êtes bien ridicule. On m'a dit que vous faites l'amoureux. Voyez un peu le joli galant! Vous me faites pitié, il faudrait vous envoyer à l’asile. Mais il est vrai qu'il ne faut pas s'étonner de votre folie; car vous tenez de famille, puisqu’il avait déjà fallu enfermer votre grand-père ». (Note : le texte - à peine modernisé - que récite la Reine est de Mazarin).

Jarzé accuse le choc. Il sort du cabinet en bégayant, troublé, pâle et défait, ses rêves amoureux brisés, craignant d’être arrêté et envoyé dans un asile.

Toute la cour jase aussitôt de cet événement, pas une femme qui ne la raconte à ses amies. Le nom de Jarzé court dans Paris; puis les provinces en font leurs gorges chaudes.

    Bilan

    Quelques indications pour vous permettre de considérer les actions des PJ.

Être bien intégré à la suite de la Reine : +10%
Établir un plan complet et qui se tienne : +20%
Ne pas être repéré avant d'être en possession des lettres: +30%
Acrobaties, actions spectaculaires, poursuites : +20%
N'avoir tué aucun homme de Condé : +50%

Les personnages se sont fait un ennemi, mais il est affaibli pour l'instant, ses complots connus par la Reine et Mazarin, et donc par Louis. Ils peuvent demander quasiment ce qu'ils veulent à ces gens, mais il faut se souvenir que Anne d'Autriche a fait tellement de largesses que les caisses de la Couronne sont vides.

A suivre…

Organisations

Les Echarpes Vertes :

Une bande de hauts nobles, d’anciens soldats & de ruffians, constituée par Mazarin pour l'aider dans ses manigances. La plupart sont là pour l'argent; peu sont mazarinistes de coeur.

Leur chef est le violent Damien d’Orséac (http://bastion.free.fr/mousquet.htm)

Leurs effectifs sont variables, de 10 à 100, en fonction du temps que met d’Orséac pour battre le rappel. Dans cet épisode, il a réuni 16 cavaliers, dont un admirateur de Condé.
Leur signe de ralliement est une écharpe verte

Ils ont sauvé la vie aux PJ (Prologue, scène 7). Ils ont peut-être collaboré avec les PJ lors du siège de Paris (épisode 1, scène 4 et 5). 

Casting des Personnages Non Joueurs

Un * indique les PNJ qui ne doivent pas mourir. (du moins… pas encore!)

Par ordre d’apparition :

*Anne d’Autriche, Reine de France, Régente

48 ans. (voir Prologue)

Rappelons que la Reine est espagnole, et que toute sa vie les Français se moquèrent de son accent.

Cela fait plus de 6 ans que la Reine est prisonnière de son veuvage, et elle estime avoir le droit de s’amuser un peu. Comme en plus Mazarin est en train de ramener l’ordre en Province, elle en profite pour entamer une liaison avec Jarzé, un de ses alliés puisqu’il est du clan opposé à Beaufort. Avec deux amants, elle trouve la vie est plus romantique, et elle veut rendre Mazarin jaloux.

Après s’être aperçu de la disparition des lettres, elle envoie Laffitte les chercher, puis en tombe malade et finit par tout avouer à Mazarin.

René (II) du Plessis de la Roche Picmer, marquis de Jarzé, capitaine des gardes du duc d'Anjou (le frère du roi)

25 ans (?), portant beau, d’une coquetterie extrême. Complètement aveuglé par son amour, il ne comprend pas qu’il n’est qu’un instrument politique aux mains de son ami Condé.

Baron Clair de Laffitte

50 ans. Manchot, d’imposante corpulence, les cheveux gris, les yeux vairons. Noble normand sans le sou. Sergent depuis 30 ans dans les gardes du corps de la Reine. Excellent duelliste (possède une botte secrète mortelle), il est encore dans la course grâce à ses séances d’entraînement soutenues.

Toute sa carrière, Laffitte s’est tenu à l’écart des intrigues, par honnêteté et manque de subtilité. Fidèle à la Reine, il en est devenu l’homme de confiance. De plus il connaît bien Paris & ses bas fonds.

Hans Grosseschue

40 ans, dont 25 à se battre en Europe Centrale. Mercenaire allemand très repérable: grand, musclé, couturé de cicatrices, porte une grosse épée à deux mains, et pratique l'escrime avec le style germanique. Il  ne fait aucun effort pour parler français; son physique intimidant parle pour lui.

*Jules Mazarin

47 ans.(voir prologue)

Cet épisode-ci, Mazarin est très occupé par ses manigances politique. Il divise pour régner, et joue les bâtards de Vendôme contre les Condé-Longueville, qui prennent beaucoup trop d’importance.

*Paul de Gondi de Retz

37 ans. De famille noble (son frère est duc). Coadjuteur de l’archevêque de Paris son oncle, il en a le rang. Chef de l’opposition parlementaire, « homme infiniment plus dangereux que tous les Grands ». Redoutable politicien, agitateur, propagandiste, manipulateur d’hommes, comploteur (il avait essayé d’assassiner Richelieu).

Gondi a prouvé plusieurs fois, même au milieu des émeutes avec un mousquet sur la tempe, qu’il gardait son sang-froid. Ne le laissez pas vous parler, ou il vous hypnotisera.

*Le prince de Condé, duc d’Enghien

Louis II de Bourbon, prince de Condé (28 ans), gouverneur de Bourgogne. Il est jeune, il est beau, il est noble, honorable et courageux , c’est un immense général… et il est immensément orgueilleux. Il est convaincu d’avoir sauvé le royaume en réprimant la Fronde parlementaire. Or, en guise de récompense de ses actes, il a vu Mazarin accorder une charge d’amiral au « clan Beaufort ». Maintenant, il veut devenir Premier Ministre à la place de Mazarin.

Cet épisode-ci, il est hautain et absolument insupportable envers Mazarin, la Reine; le roi, qu'il appelle "Louison";  la Cour…  Il ne salue personne. Irascible, tranchant, il lasse les meilleures volontés. Plus personne ne le soutient.

Une fois en possession de la totalité de la correspondance, il ne se sent plus ; il a barre sur la Reine maintenant !

Conscient de s’être rendu impopulaire à la Cour, et ne voulant pas attirer l’attention sur lui,  il se retire à Dijon.

Mme de Beauvais, née Catherine Bélier (le film Louis, Enfant Roi la présente dans un tout autre rôle que la traîtresse).

35 ans, borgne. Sa beauté ne fait pas d'ombre à la Reine…  Première femme de chambre de la Reine depuis au moins dix ans; amie de la Reine, qui a fait sa fortune, et ne lui a rien refusé.

Au début elle était persuadée que cette aventure romantique ferait beaucoup de bien à la Reine, et la rendrait heureuse. Condé l’a en partie séduite, en partie achetée par les récompenses faramineuses qu’il lui accordera lorsqu’il sera Premier ministre.

Plus le temps passe, plus Mme de Beauvais prend conscience de ce qu’elle fait, plus elle a peur, et plus elle commet d’erreurs. Après avoir donné les lettres à Condé, elle s’aperçoit qu’elle a perdu sa dernière monnaie d’échange et est au bord de l’effondrement.

Eh oui, Jarzé, Laffitte et Beauvais sont des victimes. Bienvenue à la Cour.

(à suivre)…

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